Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) doit mieux épauler financièrement les victimes des proxénètes, tel que le demandait la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs, plaide la députée libérale Christine St-Pierre.

La commission a déposé en décembre 2020 une série de 58 recommandations. Parmi ces recommandations, on demandait l’instauration d’un « programme spécial de sortie de la prostitution » pour assurer aux victimes d’exploitation sexuelle un revenu, un logement et l’accès à des soins de santé physique et psychologique.

« Parmi les survivantes, certaines ne seront jamais capables de retourner sur le marché du travail tellement le traumatisme est grand, et plusieurs n’ont aucune ressource financière », souligne Mme Saint-Pierre.

La députée libérale, qui était membre de cette commission, a fait cette sortie vendredi, en réaction à la publication du reportage de La Presse sur les cas de plus en plus violents d’exploitation sexuelle qui se retrouvent devant les tribunaux.

(Re)lisez « Exploitation sexuelle : Des cas de plus en plus violents devant les tribunaux »

En juin, le gouvernement a annoncé un investissement de 100 millions sur cinq ans pour contrer l’exploitation sexuelle des mineurs. La plus grosse partie de cette somme servira à renforcer l’équipe intégrée de lutte contre le proxénétisme coordonnée par la Sûreté du Québec à compter du 1er octobre.

Mais Mme Saint-Pierre fait remarquer que le budget provincial prévoyait qu’un montant de 150 millions devait être consacré à cette cause. « Il manque 50 millions, c’est 10 millions par année », déplore-t-elle.

« Pour sortir de l’exploitation sexuelle, il faut vraiment avoir fait vœu de pauvreté », témoigne Lau Ga, une jeune femme victime d’exploitation sexuelle qui a dénoncé son proxénète – et qui demande que l’on ne dévoile pas son vrai nom.

Lau Ga affirme souffrir d’anxiété et d’un syndrome de stress post-traumatique à la suite de ce qu’elle a vécu. Elle ne peut donc pas travailler et vit de l’aide sociale.

« Au début, je n’étais pas capable de dormir, ni de sortir de chez moi, explique-t-elle. En plus, les procédures judiciaires font revivre constamment des évènements difficiles, alors c’est impossible d’avoir un emploi. »

Ce printemps, la réforme du programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) menée par le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a permis d’appliquer une autre des recommandations de la commission : les victimes d’exploitation sexuelles pourront être indemnisées, mais la réforme n’entrera en vigueur qu’en octobre prochain, et cette aide n’est pas rétroactive. Celles qui, comme Lau Ga, sont sorties du milieu de la prostitution avant cette date n’y ont pas droit.