Comme prévu, la présidente et chef de la direction de Loto-Québec, Lynne Roiter, quittera ses fonctions dans les prochaines semaines, après plus de 35 ans de carrière à la société d’État. Première femme à occuper ce poste, elle prendra sa retraite en juin.

« Mme Roiter a fait un travail remarquable tout au long de sa carrière, et elle a contribué au succès et au développement de cette société d’État importante pour les Québécois. Elle a été un exemple d’intégrité et de dévouement au service public. Je tiens à la remercier pour ses années de service », a indiqué le ministre des Finances, Eric Girard, dans un communiqué diffusé mercredi en soirée.

C’est en 1985 que Mme Roiter est entrée chez Loto-Québec, d’abord comme directrice des affaires juridiques. Dès 1996, et jusqu’en 2017, elle a ensuite occupé le poste de secrétaire générale et vice-présidente à la direction juridique.

Considérée comme un « pilier » dans l’organisation, la femme d’expérience est présidente et chef de la direction depuis le 31 mai 2017. Elle l’avait aussi été de façon intérimaire quelques mois auparavant, après que son prédécesseur Simon Patenaude eut été admis à l’hôpital à la suite d’un problème cardiaque. Ce dernier a rendu l’âme le 28 octobre 2016, à l’âge de 58 ans.

Tous les gens qui ont eu le plaisir de la côtoyer reconnaissent ses qualités de dirigeante, son dévouement et son professionnalisme.

Hélène F. Fortin, présidente du conseil d’administration de Loto-Québec, à propos de Lynne Roiter

Son successeur sera Jean-François Bergeron, qui était depuis deux ans chef de la direction de la Société québécoise du cannabis (SQDC). Celui qui a aussi été vice-président de la Société des alcools du Québec (SAQ) prendra les commandes de Loto-Québec à partir du 1er juin. Le ministre Girard s’est dit convaincu que M. Bergeron saura « relever les nombreux défis qui se présenteront au cours des prochaines années », tandis qu’Hélène F. Fortin a parlé de lui comme de « la personne toute désignée ».

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-François Bergeron

Un départ, un contexte

Lynne Roiter touchera une indemnité de départ équivalant à 12 mois de salaire, soit plus de 430 000 $, lors de son départ à la retraite ; d’ailleurs, ce dernier avait déjà été annoncé pour la fin de son mandat. À ce sujet, Loto-Québec précise que Mme Roiter aura droit à la même indemnité de fin de mandat « que tous les titulaires d’un emploi supérieur à temps plein du gouvernement ».

Le départ de la présidente survient aussi alors qu’en novembre, une enquête du Bureau d’enquête du Journal de Montréal révélait que le crime organisé tient des activités au Casino de Montréal, plongeant l’organisation dans la controverse. « On est préoccupés parce que pour nous, il est sûr et on prend tous les moyens à notre disposition pour éviter la présence du crime organisé dans les casinos », avait réagi la principale intéressée, après avoir d’abord refusé de commenter la situation.

L’arrivée de Jean-François Bergeron se fait dans le contexte où les fermetures de casinos et de salons de jeu, ainsi que d’autres interruptions temporaires d’activités à cause de la pandémie de COVID-19, ont grandement affecté Loto-Québec pendant l’année 2020. En octobre, à mi-chemin dans son année financière, l’organisation avait déjà vu son bénéfice divisé par quatre, signe que la crise touche durement ses activités.

Sous pression, Mme Roiter avait alors été dans « l’obligation de prendre des mesures pour assurer la saine gestion […] dans ce contexte de baisse considérable des revenus », ce qui avait mené à plus de 4000 mises à pied à l’époque. Pour le semestre terminé le 28 septembre, le résultat net de la société s’était en effet établi à 181 millions, par rapport à 736 millions à la même période l’an dernier. Les revenus, eux, ont été deux fois moins élevés, à 687 millions.