Confinement et couvre-feu obligent, la communauté juive de Montréal a réduit l’ampleur des célébrations de la fête de Pourim, jeudi et vendredi. Plutôt que de déambuler avec leurs enfants déguisés, ses membres se contenteront de se livrer des cadeaux et de réciter une prière vendredi soir en respectant les mesures sanitaires.

« L’an dernier, Pourim a été la dernière grande fête que nous avons eue avant le confinement », explique Max Lieberman, vice-président du Conseil des juifs hassidiques du Québec. « Habituellement, le jeudi soir, les enfants se déguisent et vont de porte en porte avec des voitures qui font de la musique, jusqu’à 23 h, minuit. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Max Lieberman, vice-président du Conseil des juifs hassidiques du Québec

Cette année, ce n’est évidemment pas possible, et on ne peut pas entrer dans les maisons. Alors on ne conserve que la tradition de livrer des cadeaux, et de prononcer une prière spéciale vendredi soir.

Max Lieberman, vice-président du Conseil des juifs hassidiques du Québec

La fête de Pourim commémore un épisode du livre d’Esther, dans l’Ancien Testament, qui se serait déroulé voilà 2500 ans. La Judée était alors sous domination perse. L’empereur perse avait à son insu pris pour épouse une Juive, qui, à la veille d’un pogrom décidé par le vizir perse, a révélé à son mari ses origines. L’empereur a fait exécuter le vizir et a annulé le massacre prévu en Judée.

Cette semaine, la Table interreligieuse, qui négocie depuis le printemps dernier avec le gouvernement l’accès aux lieux de culte, a abandonné une position qui faisait de plus en plus grincer des dents les fidèles de nombreuses religions. Elle réclame désormais que le gouvernement permette que les lieux de culte acceptent des fidèles en fonction du nombre qu’elles peuvent accueillir, comme en Ontario et en France. Pour le moment, la limite est de 10 personnes par lieu de culte (plus précisément par salle avec entrée séparée), contre 25 avant Noël et 250 à l’été.

Une limite en fonction du nombre de places permettrait aux grands lieux de culte d’accueillir plus de monde que les petits, et fait partie des demandes d’une pétition catholique intitulée « Sauvons Pâques ». Mais la Table avait toujours refusé de faire une telle demande.

« Nous sommes heureux que la Table demande enfin au gouvernement d’augmenter la limite, dit M. Lieberman. Ça fait depuis janvier qu’on voulait que ça se passe. C’est pour ça que nous avons fait une demande en cour en février. Je crois que la décision du gouvernement de permettre aux cinémas d’accueillir 250 personnes a convaincu les membres de la Table qui ne voulaient pas faire de nouvelles demandes qu’il y avait un problème d’équité envers la vie spirituelle. »

Brooklyn

De nombreux juifs hassidiques montréalais ont de la famille à Brooklyn, un quartier où habite une forte population hassidique. Au début de février, un juge a déclaré invalides les limites de capacité durant le confinement dans l’État de New York. Cette liberté de leurs coreligionnaires new-yorkais accentue la colère des juifs hassidiques montréalais, selon M. Lieberman.

Ça montre encore plus l’injustice de considérer le cinéma et le commerce comme plus importants que la vie spirituelle.

Max Lieberman, vice-président du Conseil des juifs hassidiques du Québec

Pour le moment, peu de juifs hassidiques ont été vaccinés, puisque dans leurs vieux jours, ils habitent généralement avec leur famille, et non en maison de retraite. « Commencer la vaccination pour les plus de 85 ans maintenant, c’est une vraie blague, dit M. Lieberman. Le Canada a vraiment manqué le bateau sur les vaccins. À New York, ils font les plus de 65 ans depuis un bout de temps. »

N’y a-t-il pas une plus forte proportion d’opposants à la vaccination chez les hassidiques, ce qui a notamment entraîné des éclosions de rougeole à Brooklyn ? « Oui, c’est vrai, mais c’est moins le cas à Montréal, dit M. Lieberman. Nous avons préparé des documents et des affiches expliquant l’importance de la vaccination en yiddish. »