Pékin avait affrété un avion pour que la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, puisse s’envoler de Vancouver vers la Chine en mai dernier si le tribunal tranchait en sa faveur. C’est ce qu’a révélé son mari, mardi.

La cadre du géant chinois des télécoms Huawei avait été arrêtée au début du mois de décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver à la demande des États-Unis qui veulent la juger pour fraude bancaire. Elle avait été remise en liberté sous caution et elle vit depuis sous haute surveillance, avec couvre-feu nocturne, bracelet électronique à la cheville, sorties limitées et toujours accompagnée de gardiens de sécurité, dans sa luxueuse maison de Vancouver.

Elle a demandé mardi devant un tribunal de Vancouver un assouplissement des conditions de sa liberté sous caution, citant des craintes liées à la pandémie de coronavirus.

Son mari, Liu Wiaozong, a expliqué que la directrice financière de Huawei craignait d’attraper la COVID-19 au contact des agents de sécurité qui l’accompagnent dans tous ses déplacements.

« Je pense que ma femme court un risque accru avec la COVID-19 », notamment parce qu’elle a subi un cancer de la thyroïde et souffre d’hypertension, a-t-il expliqué. Lorsqu’elle se déplace à l’extérieur, « je constate qu’en général il y a trois [agents de sécurité] qui accompagnent ma femme dans le véhicule […] et ça peut être des gens différents chaque jour ».

Les avocats de Mme Meng ont demandé que leur cliente puisse sortir de chez elle sans être accompagnée par les agents de sécurité d’une société privée, Lions Gate Risk Management Group, mandatée par la justice.

« Vraiment inquiets » ?

Le représentant du gouvernement canadien, opposé à tout assouplissement, s’est pour sa part demandé si le couple était « vraiment inquiet » pour sa santé alors qu’il a organisé un dîner privé avec 14 convives à Noël dans un restaurant de la ville, en violation apparente des consignes des autorités sanitaires.

« Avez-vous conscience qu’un rassemblement de plus de six personnes pour des raisons de socialisation n’est pas approuvé par les consignes anti-COVID-19 de Colombie-Britannique ? » a demandé le représentant du ministère public, John Gibb-Carsley.

Mme Meng avait également posé, sans masque, pour une photo de groupe devant le tribunal en mai 2020, peu avant une décision de justice qu’elle espérait en sa faveur.

Son mari a d’ailleurs révélé qu’à cette occasion, le consulat de Chine avait affrété un Boeing 777 pour que Mme Meng puisse s’envoler vers la Chine si le tribunal lui donnait raison, ce qui n’a pas été le cas.

L’arrestation de Mme Meng en 2018 a provoqué une crise diplomatique sans précédent entre le Canada et la Chine. Quelques jours après, Pékin avait arrêté deux Canadiens accusés d’espionnage et détenus depuis lors.