(Winnipeg) Le Canada maintient la pression sur l’Iran afin que ce pays accepte l’aide d’experts de l’extérieur dans l’enquête sur l’écrasement d’un appareil ukrainien abattu par erreur par les Gardiens de la Révolution.

Le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne a écrit dimanche à son homologue iranien pour réitérer la position canadienne à ce sujet. Le Canada réclame que les boîtes noires soient rapidement analysées par des experts français ou ukrainiens.

M. Champagne souligne que cette volonté reflète le consensus établi parmi tous les pays ayant perdu des citoyens lors de la tragédie du 8 janvier qui a coûté la vie à 176 personnes, dont 57 Canadiens.

M. Champagne, qui a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif vendredi à Oman, dit qu’il espère « avoir une confirmation plus tard dans la journée sur la position de l’Iran sur ce sujet-là ».

PHOTO TOLGA AKMEN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne a allumé une bougie lors d'une cérémonie à la mémoire des victimes, le 16 janvier au Haut-commissariat du Canada à Londres.

« Je juge l’Iran jour après jour en fonction non pas de leurs mots, mais de leurs actions », a déclaré M. Champagne, ajoutant en anglais que Téhéran a un choix à faire.

« Quand vous dites au monde entier que vous prenez l’entière responsabilité, ça vient avec des conséquences », a-t-il dit.

M. Champagne a fait ces commentaires à son entrée de la retraite du cabinet Trudeau à Winnipeg. Il réagissait à une déclaration du directeur général du bureau d’enquête sur les accidents de l’organisation iranienne de l’aviation civile, Hassan Rezaeifar, selon laquelle les boîtes noires ne seront pas remises à l’Ukraine, contrairement à ce qui avait été annoncé la veille.

« Les boîtes noires du Boeing ukrainien sont entre nos mains. Nous n’avons aucune intention de les sortir du pays », a dit M. Rezaeifar à l’agence de presse officielle IRNA.

BST

Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a envoyé une déclaration plus tôt dimanche disant qu’il croit comprendre que les boîtes noires sont toujours en Iran et que l’enquêteur désigné de l’Iran pourrait se rendre en Ukraine cette semaine afin de discuter de l’enquête et visiter le laboratoire d’enregistreurs en Ukraine.

Les deux enquêteurs canadiens qui étaient assignés à l’enquête ont quitté Téhéran tôt dimanche matin et se rendront en Ukraine pour rencontrer le bureau national d’enquête sur les accidents aériens du pays et de collaborer dans le but de faire avancer l’enquête.

Pendant les six jours qu’ils ont passés à Téhéran, les enquêteurs canadiens ont assisté à plusieurs réunions avec des représentants du bureau d’enquête iranien, ont visité le site de l’accident et ont examiné l’épave, qui est entreposée dans un endroit distinct et sécuritaire.

Le BST dit qu’il « n’y a toujours pas de plan définitif quant au lieu et au moment où les enregistreurs de l’aéronef seront téléchargés et analysés ».

Une deuxième équipe spécialisée en téléchargement et analyse d’enregistreurs d’aéronefs sera déployée « une fois que nous saurons clairement où et quand ce travail sera effectué », a ajouté le BST.