(Montréal) Deux mois après le décès tragique de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette, des artistes autochtones et non autochtones se sont réunis sur scène pour célébrer la vie de cette mère de famille atikamekw de 37 ans.

Le spectacle a été enregistré la semaine dernière à Joliette et pourra être visionné gratuitement en ligne à compter de ce jeudi. Il mettra en vedette notamment Elisapie, Ariane Moffatt, Florent Vollant, Patrick Watson et Natasha Kanapé Fontaine.

Si ce concert est le signe de la réconciliation entre les Premières Nations et les allochtones, il servira aussi à rendre hommage à Mme Echaquan, que plusieurs associent seulement à la vidéo difficile qu’elle a tournée à l’hôpital avant de rendre son dernier souffle.

« J’ai envie que l’on connaisse Joyce comme ce qu’elle était avant. Elle était tellement souriante, elle aidait les autres, elle adorait ses enfants », a confié sa cousine, Jemmy Echaquan, en entrevue téléphonique.

« J’avais envie qu’on se souvienne d’elle de cette manière. »

Jennifer Brazeau, directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière, qui connaissait Mme Echaquan, souligne que l’objectif du spectacle était entre autres de passer outre la tragédie pour « faire rayonner la beauté de notre culture ».

« Pour moi, c’est quand même vraiment important qu’on démontre aux jeunes qu’il y a de l’espoir, d’utiliser les évènements de Joyce pour nous inspirer, pour avoir le courage d’agir », a-t-elle expliqué.

« Il ne faut pas juste voir le côté tragédie. Il faut aussi voir que c’était une femme, une mère, une sœur, une cousine. Elle avait une vie qui dépassait ce qu’on a vu sur Facebook. »

Offrir du « beau » et de la « joie »

Elisapie, qui est codirectrice artistique du spectacle, affirme qu’elle a voulu offrir du « beau » aux spectateurs, qui peu importe, leur origine, en ont bien besoin de nos jours.

« On avait envie de douceur, de beauté et de joie aussi. Je pense que les gens comme Shauit et Yves Lambert, c’est joyeux », a-t-elle indiqué en entrevue.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Elisapie Isaac

Les spectateurs peuvent donc s’attendre à plusieurs numéros communs entre artistes autochtones et non-autochtones, qui mettront en valeur toutes les cultures.

« On aura des moments où il y aura un réel partage musical, de cultures. C’est ça qu’on avait vraiment envie de mettre en valeur. Il faut apprendre à être plus proches, à être curieux, d’être là les uns pour les autres », a ajouté Elisapie.

Une sensibilisation après le drame

Selon Mme Echaquan et Mme Brazeau, le drame de Joyce Echaquan aura eu au moins l’effet de mobiliser et sensibiliser la population à la situation des Autochtones.

« Il y a eu quand même un choc, une prise de conscience. Pour moi, ça me donne quand même de l’espoir », a souligné Jennifer Brazeau.

« Ma grande inquiétude, c’est que ce soit un évènement qui se passe et qu’au fil du temps ça tombe un peu hors du radar. Pour moi, c’est important qu’on voie pas une autre tragédie avant qu’on continue à travailler sur ces enjeux-là. »

Elisapie, qui avait lancé un grand cri du cœur sur les réseaux sociaux au premier ministre François Legault lors du drame, déplore que le gouvernement nie encore la présence du racisme systémique dans la province.

« C’est très clair que les systèmes ont fait que les Autochtones ont été méprisés depuis trop longtemps, ont vécu de la violence aussi. Alors oui, on est rendus là », a-t-elle soutenu.

Le spectacle-bénéfice Waskapitan (ce qui signifie « Rapprochons-nous ») sera diffusé sur le web à compter de jeudi et jusqu’au 3 janvier sur le site internet waskapitan.org

Les dons recueillis serviront à améliorer les conditions des communautés autochtones établies en milieu urbain. Il est notamment question d’ouvrir une clinique pour les Autochtones à Joliette.

« C’est vraiment de l’argent qui va être pris pour des choses concrètes », a assuré Elisapie.