Accidents mortels, intoxications, violence et présence de motards. Les services d’urgence sont débordés par les dérapages qui s’accumulent au Beach Club de Pointe-Calumet depuis quelques années, dénonce le service de police local.

Les problèmes sont si sérieux que le complexe — connu pour avoir attiré Paris Hilton et d’autres stars internationales — a été convoqué le mois prochain devant la Régie des alcools, qui pourrait suspendre ou révoquer son permis d’exploitation.

La police a recensé une centaine d’incidents liés au Beach Club survenus dans les cinq dernières années, selon l’avis de convocation, dont La Presse a obtenu copie.

En plus de dizaines de cas d’intoxication sévère à la drogue ou à l’alcool nécessitant un transport en ambulance — dont cinq femmes intoxiquées au GHB — l’entreprise devra répondre de deux décès : la noyade d’un client saoul en 2015 et la mort d’un citoyen de Pointe-Calumet renversé par un automobiliste trop pressé d’arriver au Beach Club en 2017.

Par ailleurs, la police a détecté la présence d’individus liés à des groupes criminels à 13 reprises entre 2016 et 2018. Un jour de juillet 2016, « les policiers ont constaté un rassemblement de motards criminalisés à l’établissement, dont une trentaine de membres » de deux groupes dont l’identité est gardée secrète. Ils occupaient « une section VIP et sont restés sur le site après le départ des clients réguliers », continue l’avis de convocation.

« La Régie intermunicipale de police du lac des Deux-Montagnes dénonce un engorgement des différents services d’urgence de la région en lien avec les activités du Beach Club », indique la correspondance. Les procédures de la Régie des alcools contre l’entreprise ont été entreprises à la demande de la police.

« Le Beach Club a une part du blâme »

Richard Brien ne verserait pas de larmes si le Beach Club devait cesser ses activités.

C’est son frère, Jean Brien, qui a été tué à 66 ans par un client de l’établissement à l’été 2017. Mathieu Grenon conduisait à toute allure, saoul et sans permis, dans une rue résidentielle de Pointe-Calumet lorsque le drame est survenu. Grenon, 23 ans, a pris la fuite avant d’être arrêté. Il a été condamné à sept ans de prison.

« Le Beach Club a une part du blâme », a dit M. Brien, affirmant que l’entreprise fait sa promotion en mettant de l’avant des gens qui consomment de l’alcool. « On était une place paisible. »

« Quand je voyais l’émission [sur le Beach Club] à la télévision après, je devenais bleu. Ma femme m’a dit de ne pas l’écouter, que c’était pas bon pour moi. J’ai perdu 20 livres avec tout ça », a-t-il dit.

Sonia Fontaine, la mairesse de Pointe-Calumet n’est pas du même avis. Le Beach Club « a fait leur part pour accommoder les citoyens de notre ville », a-t-elle dit en entrevue. « Ils ont mis des efforts pour diminuer le nombre de plaintes et ça semble porter fruit. »

L’élue a rassuré ses concitoyens : le service de police envoie chaque année une facture à l’entreprise pour tout le surplus de travail occasionné par ses activités.

Le Beach Club n’a pas voulu donner sa version des faits à La Presse.

La Régie intermunicipale de police du Lac des Deux-Montagnes n’a pas retourné les appels de La Presse.

– Avec la collaboration de Daniel Renaud

D’autres incidents survenus au Beach Club

– Le 2 juillet 2016 vers 16 h 13, les policiers sont intervenus relativement à un individu qui aurait été frappé par la sécurité de l’établissement. L’individu en question serait entré sur le site avec un verre rempli d’alcool, aurait lancé son verre sur un agent de sécurité et tenté de le mordre.

– Le 25 juin 2017 vers 17 h 41, les services d’urgence ont reçu un appel relativement à un homme très intoxiqué sur le site de l’établissement et qui aurait consommé 60 oz de spiritueux, ce qui a nécessité une intervention des ambulanciers.

– Le 21 juillet 2018, un client aurait été victime d’une agression armée. La victime aurait été piquée avec une seringue après une altercation verbale avec un suspect sur la piste de danse.