(Montréal) Les funérailles de l’ancien président du Mouvement Desjardins, Claude Béland, ont été célébrées samedi en l’église Saint-Joseph-de-Mont-Royal, sur l’île de Montréal.

Plusieurs personnes s’étaient déplacées pour lui rendre un ultime hommage, dont l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois, la ministre fédérale du Développement économique Mélanie Joly et l’actuel président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier.

Claude Béland a été l’un des grands leaders de sa génération, notamment à titre de président du Mouvement Desjardins de 1987 à 2000, mais aussi à titre d’avocat, de professeur associé à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal et de l’Institut de recherche en coopération de l’Université de Sherbrooke, et comme administrateur de la Régie des rentes du Québec et de la Caisse de dépôt de placement du Québec.

Fils d’entrepreneur, Claude Béland a consacré l’essentiel de sa vie professionnelle à promouvoir et à faire évoluer le modèle coopératif, principalement dans le domaine des affaires et de la finance. Son biographe Jean-Pierre Girard le décrivait même comme un « véritable apôtre de la coopération ».

Dans son communiqué de presse, le Mouvement Desjardins a rendu hommage à un « grand humaniste et un philosophe », qui a toujours plaidé en faveur d’une société plus équitable et plus solidaire.

Au cours des dernières années, Claude Béland avait été très critique envers le virage observé chez Desjardins. Il avait fait plusieurs sorties publiques pour reprocher à l’institution d’avoir perdu son âme, trahi sa mission sociale et transformé ses membres en clients. Il avait notamment critiqué la vague de retraits de guichets automatiques en région, de même que la fuite de données personnelles de l’été dernier, dont il disait avoir été lui-même victime.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Claude Béland a quitté la présidence de Desjardins en 2000.

Certaines de ses décisions ont aussi suscité la controverse. C’est notamment le cas de la « réingénierie » de l’entreprise, de ses efforts de réduction des coûts et de la fusion de caisses en région. Cependant, personne ne peut nier que Desjardins a prospéré sous la gouverne de Claude Béland. L’actif de la coopérative est passé de 29 à 74 milliards, les réserves ont bondi de 851 millions à 3,8 milliards et l’avoir des caisses de 1,3 à 4,8 milliards.

Au plan politique, Claude Béland a présidé le Forum sur l’emploi et le Sommet sur l’économie et l’emploi en 1996. Il a aussi fait partie du comité directeur de la Commission Bélanger-Campeau sur l’avenir constitutionnel du Québec, en 1990. Dans le cadre de cet exercice, il a dû présenter la position du Mouvement Desjardins de la souveraineté du Québec. M. Béland a toujours affirmé que l’opinion souverainiste qu’il a formulée était celle de l’entreprise et non la sienne et il n’est plus jamais intervenu dans le débat constitutionnel par la suite, y compris pendant la campagne référendaire de 1995.

Claude Béland était demeuré impliqué dans la société québécoise après sa retraite de Desjardins. Il avait entre autres mené des consultations sur la réforme des institutions démocratiques à la demande du gouvernement du Québec et participé à la création de la chaire de l’UQAM sur la responsabilité sociale des entreprises.

Il a été président du MÉDAC jusqu’en 2011, en plus de siéger au conseil d’administration de plusieurs organismes voués au développement social, aux relations intergénérationnelles, à la protection des épargnants et à la promotion de la démocratie.

Claude Béland avait été désigné grand officier de l’Ordre du Québec en 2014. Il était membre de l’Ordre des francophones d’Amérique et détenait des doctorats honoris causa de l’Université Laval, de l’Université de Montréal, de l’Université du Québec.

PHOTO MATHIEU BELANGER, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Claude Béland et Philippe Couillard

Il laisse dans le deuil son épouse, Lise Dubois Béland, ses quatre enfants ainsi que plusieurs petits-enfants.