Un premier prêtre anglican sera ordonné prêtre catholique demain à Pierrefonds. Robert Assaly a 59 ans. Il est marié et père de six enfants. Portrait d’une ordination qui sort de l’ordinaire.

D’Ottawa à Jérusalem

À 24 ans, Robert Assaly était courtier et millionnaire. Et pourtant, il a tout lâché pour devenir prêtre anglican. Demain, dans la paroisse St. Thomas à Becket, à Pierrefonds, il sera ordonné prêtre catholique par l’archevêque Christian Lépine. La femme et les six enfants de M. Assaly assisteront à sa messe d’ordination. Le séminariste de 59 ans ne donnait pas d’entrevues cette semaine, mais il a déclaré dans un communiqué qu’il était attiré par la vocation mondiale de l’Église catholique. « L’Église anglicane est devenue très divisée, l’hémisphère Nord s’élevant contre l’Afrique et l’Asie. » Pour lui, « l’Église est une, sainte, catholique et apostolique ». Quand il était prêtre anglican, Robert Assaly a servi dans des paroisses d’Ottawa et a été directeur du Conseil des Églises du Moyen-Orient à Jérusalem. Son ordination à Pierrefonds demain est en quelque sorte un retour aux sources. Ses grands-parents étaient grecs catholiques, mais les parents de son père se sont convertis à l’anglicanisme il y a un siècle quand ils se sont établis dans la campagne de la Saskatchewan, dans un village sans église catholique.

Depuis Jean-Paul II

En 1980, il est devenu possible pour un prêtre anglican de devenir prêtre catholique tout en restant marié. Cette initiative de Jean-Paul II visait à favoriser l’unité des chrétiens. Le pape Benoît XVI a élargi le processus en 2009, en permettant à des paroisses anglicanes de demander le rattachement à un « ordinariat » catholique. Dans le cas de Robert Assaly, qui a été ordonné prêtre anglican en 1991, la demande de transfert à l’Église catholique a été faite en 2009, alors qu’il faisait un doctorat sur les pères de l’Église à l’Université McGill. Il a été formellement admis avec sa femme Nancy dans l’Église catholique en 2015, date à laquelle M. Assaly a cessé d’être prêtre anglican. Durant ses quatre ans comme séminariste, il a œuvré à Notre-Dame-de-Grâce et à Pierrefonds. La première paroisse où il exercera la prêtrise sera St. Thomas More, à Verdun.

Rite oriental

Un peu moins d’une dizaine de prêtres catholiques de Montréal sont mariés, selon Erika Jacinto, directrice des communications de l’archidiocèse. Il s’agit généralement de prêtres catholiques de rite oriental, par exemple des maronites, qui peuvent se marier avant d’être ordonnés prêtres. Toutefois, il n’y a pas à Montréal d’ancien prêtre anglican qui soit devenu prêtre catholique. Il est aussi possible pour un prêtre orthodoxe de devenir catholique oriental tout en restant marié. Il y a également à Montréal des prêtres catholiques qui ont été ordonnés après la mort de leur femme, et qui ont des enfants.

Saint anglican

L’archidiocèse de Montréal veut lier l’ordination de Robert Assaly à la canonisation de John Henry Newman, le 13 octobre prochain à Rome. Le futur saint britannique était prêtre anglican quand il s’est converti à la foi catholique en 1845. Il a par la suite été fait cardinal.