Les familles qui se rendent à pied au Complexe Bell de Brossard depuis l'arrêt d'autobus express le plus proche doivent emprunter une piste cyclable et traverser quatre voies de circulation rapide

Lorsqu'il essaie de traverser quatre voies de circulation pour se rendre au Complexe Bell de Brossard, Alexandre Montpetit se sent parfois comme un «chevreuil dans le trafic».

«Il faut attendre qu'il y ait un trou entre les voitures et y aller, dit-il. La plupart du temps, les automobilistes ne ralentissent pas pour nous laisser passer.»

Le problème : aucun passage piéton, arrêt ou feu de circulation n'a été aménagé sur le boulevard Leduc au coin nord-ouest du Complexe sportif Bell de Brossard.

Résultat : les partisans et les familles qui arrivent de Montréal via l'autobus express 90 pour voir les séances d'entraînement du Canadien vont littéralement jouer dans le trafic pour se rendre à l'aréna. Et après les bordées de neige, il faut en plus enjamber le remblai de neige qui s'allonge le long de la chaussée. 

Pour utiliser l'infrastructure existante sans traverser dans la circulation, les piétons devraient s'éloigner du Complexe Bell et faire un détour d'environ 600 mètres pour aller rejoindre l'accès aménagé pour les automobilistes - accès dépourvu de trottoir. Jusqu'à la porte d'entrée du bâtiment, cela multiplie essentiellement par deux la durée du trajet à parcourir à pied depuis l'arrêt de l'autobus express.

Pour Guy Boily et sa femme Carole Ménard, des citoyens de Brossard qui traversent souvent à cet endroit pour aller magasiner dans les nombreux commerces qui jouxtent le Complexe Bell, la configuration des lieux est «dangereuse» pour les gens qui se déplacent à pied à Brossard, douzième ville en importance au Québec.

«Ce n'est vraiment pas agréable», dit M. Boily. 

«On voit que c'est pensé en fonction des automobilistes. On passe ici deux fois par semaine, et chaque fois, il faut essayer d'anticiper la vitesse des voitures. La Ville pourrait mettre une traverse piétonne à cet endroit, ce serait la moindre des choses.»

Trottoir transformé en piste cyclable

La situation des piétons près du Complexe Bell est plus précaire en raison du fait que le côté est du boulevard Leduc ne comporte pas de trottoir. Pour ajouter à la confusion, le seul trottoir, situé du côté ouest, a été transformé en piste cyclable par la Ville. C'est donc dire que les piétons qui se rendent au Complexe Bell doivent également essayer d'éviter les collisions avec les cyclistes.

Alain Gauthier, directeur des communications à la Ville de Brossard, note que les piétons qui veulent se rendre au Complexe Bell en toute sécurité peuvent le faire en marchant plus longtemps.

«Il y a moyen de traverser, mais évidemment, c'est un petit peu plus long. On parle d'à peu près 800 mètres, contre 500 mètres si on coupe à travers.»

Quant à la possibilité de faire un aménagement adapté aux gens qui se déplacent à pied, M. Gauthier note que ce n'est pas exclu, mais que cela engendrerait des coûts pour la municipalité. «C'est quelque chose qui va peut-être être regardé par le comité de circulation», affirme-t-il.

«Mais vous vous doutez bien qu'une traverse comme ça, ça coûte quand même beaucoup de sous. Ça dépend des priorités, il y a peut-être des besoins qui sont plus prioritaires.»

«Pas crédible»

Jeanne Robin, porte-parole de l'organisation Piétons Québec, note qu'il n'est «pas crédible» d'exiger que les gens fassent un détour de presque 10 minutes pour rejoindre un édifice qui est pratiquement à portée de main.

«Il suffit de s'imaginer un parent avec ses deux jeunes enfants durant l'hiver pour voir que ce n'est pas sérieux.»

Des endroits qui attirent beaucoup de monde doivent faire l'objet d'un travail de planification en amont, dit-elle.

«Les équipements culturels et sportifs, on sait qu'ils vont être fréquentés souvent par des jeunes qui ne sont pas forcément motorisés, qui vont vouloir venir à pied. On place de plus en plus ces équipements dans des "power centers" sans tenir compte des piétons, et ensuite, il faut réparer, car on n'y a pas pensé.»

Les piétons qui décident de traverser la route lorsqu'il n'y a pas d'intersection à proximité n'enfreignent pas la loi, note Mme Robin. «L'article 447 du Code de la sécurité routière permet aux piétons de traverser une route là où il n'y a pas d'intersection, pourvu qu'ils comprennent qu'ils n'ont pas la priorité. Ce n'est pas une expérience agréable, mais c'est permis.»

Dans son budget 2019, Brossard s'engage à «poursuivre la réalisation des travaux routiers majeurs favorisant le transport en commun et la mobilité active».

D'ici 2021, Brossard compte dépenser 131,7 millions de dollars dans ses infrastructures routières, son réseau de distribution d'eau et ses espaces publics.