(Montréal) La vaste majorité des foyers privés d’électricité dans la foulée de la violente tempête automnale seront rebranchés d’ici dimanche soir, mais des pannes subsisteront pour une durée indéterminée dans plusieurs régions du sud du Québec.

En conférence de presse à l’issue d’une rencontre au centre de coordination d’Hydro-Québec, samedi matin, le premier ministre François Legault a fait le point sur « la pire situation depuis la fameuse crise du verglas de 1998 ».

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Le premier ministre François Legault et le PDG d’Hydro-Québec Éric Martel ont fait le point sur les pannes de courant samedi.

Le rétablissement du courant se déroule promptement, a-t-il tenu à souligner. Le nombre de clients touchés par des pannes est passé de 990 000 au plus fort de la crise, vendredi, à un peu plus de 206 000 vers 23 h 30 samedi.

M. Legault a toutefois précisé que les régions de la Beauce, de Lanaudière, des Laurentides et du Richelieu, c’est-à-dire certains secteurs de la Montérégie, de l’Estrie et du Centre-du-Québec, devront s’armer de patience.

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Un arbre est tombé sur cette résidence de Lennoxville, vendredi

Tandis que le froid commence à s’installer sur le Québec, le premier ministre a invité les citoyens touchés à trouver refuge chez des proches ou dans des centres d’hébergement, en rappelant les consignes de sécurité d’usage.

À ses côtés, le président-directeur général d’Hydro-Québec, Éric Martel, n’a pu préciser ni le nombre de foyers qui seront toujours sans électricité dimanche soir ni pour combien de temps encore.

La société d’État se donne pour objectif d’annoncer d’ici dimanche son échéancier pour un rétablissement complet du courant.

« On a à peu près 250 poteaux à remplacer présentement. Remplacer un poteau, ça prend entre 5 et 7 heures avec une équipe de deux monteurs, dépendamment des conditions dans lesquels ils travaillent », a relevé M. Martel.

À ces poteaux endommagés s’ajoutent plusieurs centaines de fils électriques abattus par les vents et environ 2500 fils encombrés par des débris d’arbres, a-t-il indiqué afin d’illustrer l’ampleur des dégâts.

En point de presse plus tôt dans la journée, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a rapporté qu’il y avait plus de 500 équipes regroupant 1100 travailleurs sur le terrain à tenter de réparer les pannes.

« On a une force de frappe très très très importante. On le voit dans les corrections des 12 dernières heures. On a vu une réduction très importante », a mentionné le ministre.

Des renforts ont également été appelés du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et du Michigan.

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La ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault et le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles Jonatan Julien en mêlée de presse, samedi matin.

« On a demandé toute l’aide qu’on pouvait obtenir de l’extérieur du Québec », a précisé Éric Martel, en soulevant que les provinces et États américains avoisinants ont eux aussi été aux prises avec des vents violents.

Une situation unique

Bien que le nombre d’abonnés privés de courant frappât l’imagination vendredi, la comparaison avec la crise du verglas s’arrête là.

« Les choses s’améliorent beaucoup plus rapidement qu’en 1998 », a d’ailleurs relevé François Legault.

À l’époque, près de 1,3 million de foyers avaient été plongés dans le noir après l’effondrement de pylônes à haute tension. Cette fois, les dégâts concernent plutôt le réseau de distribution aérien, soit les lignes fixées à des poteaux de bois.

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Un arbre bloque la circulation sur une route en Estrie.

Pour le premier ministre, il n’est toutefois pas envisageable de l’enfouir pour se prémunir contre de tels dégâts. « Ça coûterait dix fois plus cher d’enfouir les fils que d’avoir le réseau aérien qu’on a, donc il faut quand même être réaliste », a-t-il avancé.

La tempête de cette semaine était exceptionnelle de par son étendue.

« C’est une situation assez particulière qu’on a vécue dans les 48 dernières heures, a exposé Éric Martel. Voir des vents de 100 km/h presque partout au Québec, presque au même moment ou à l’intérieur de quelques heures, c’est assez unique. »

Mais face aux changements climatiques, M. Martel reconnaît qu’Hydro-Québec doit s’adapter à une multiplication de ces phénomènes météorologiques extrêmes. Une réflexion est déjà amorcée en ce sens depuis près d’un an, affirme-t-il.

« Le pire est derrière nous »

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a voulu se faire rassurante samedi matin, en revenant notamment sur les inondations qui frappent diverses régions du Québec.

« La pire est derrière nous à peu près partout », a-t-elle déclaré en point de presse aux côtés du ministre Julien.

En Estrie, la situation « a été un peu plus corsée », a reconnu Mme Guilbault qui a fait état de 250 évacuations préventives à Sherbrooke. Une trentaine de routes ont été inondées en raison des fortes précipitations – 100 mm de pluie, a dit la ministre – qui se sont abattues dans la région.

Mme Guilbault a aussi parlé d’une soixantaine de résidences inondées à Cowansville, en Montérégie. La Beauce n’a pas été épargnée par les inondations. Des rues ont été fermées à la circulation, notamment à Sainte-Marie.

Elle n’a pu donner de chiffres précis sur le nombre d’inondations ou de personnes sinistrées au Québec. « Il est difficile d’avoir des chiffres précis sur le nombre d’inondations et d’évacuation parce qu’on se base sur les données transférées par les municipalités. Ce ne sont pas toutes les municipalités qui nous communiquent l’information, car certaines prennent elles-mêmes en charge la situation sans nécessairement avoir besoin du soutien du gouvernement. »

Des centres régionaux de coordination gouvernementale sont actifs pour les régions de l’Estrie, de la Montérégie, Mauricie, Centre-du-Québec, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches. « Tout va assez bien, on est en mode rétablissement à peu près partout. On continue de suivre la situation. On est en accompagnement soutien aux municipalités touchées », a déclaré la ministre.