Québec solidaire (QS) presse le gouvernement Legault de réviser le processus d'achat d'un nouveau navire pour desservir les Îles-de-la-Madeleine, qui est contesté devant les tribunaux par le chantier Davie.

La Presse a rapporté vendredi que l'entreprise de Lévis s'était adressée à la Cour supérieure pour faire suspendre une entente entre Québec et la Coopérative de transport maritime et aérien (CTMA), par laquelle cette société organise un appel d'offres pour acquérir un nouveau navire.

Davie soutient que ce processus a été entaché par des « irrégularités graves ». Elle reproche à l'ancien gouvernement libéral d'avoir « cherché à contourner le cadre législatif » en chargeant une entreprise privée de piloter l'appel d'offres même si le navire sera en grande partie payé par des fonds publics.

« C'est préoccupant, c'est inquiétant de voir tout ça », a réagi la députée solidaire Ruba Ghazal, vendredi.

Elle presse le gouvernement Legault de réviser l'entente avec la CTMA. Selon elle, le seuil de 30 % de contenu québécois imposé à la CTMA est insuffisant et désavantage le seul chantier maritime de la province.

« Le pourcentage de contenu québécois, il a une chance de dire qu'on va l'augmenter de beaucoup, a indiqué Mme Ghazal. On a l'expertise, on a les travailleurs et on a les entreprises qui peuvent le faire ici au Québec au lieu de donner tout ça à l'étranger. »

Selon elle, Québec devrait augmenter le seuil de contenu québécois à 50 %.

En campagne, le Parti québécois avait promis de rouvrir l'entente avec la CTMA pour hausser la part de contenu québécois.

« L'article paru [vendredi] matin nous inquiète, puisque ce service de traversier est essentiel pour les Îles-de-la-Madeleine et qu'il mérite un processus de remplacement à la fois rigoureux et aussi rapide que possible », a indiqué le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau.

DAVIE DÉNONCÉ

La requête de Davie a provoqué une levée de boucliers aux Îles-de-la-Madeleine. Le maire de cette municipalité, Jonathan Lapierre, a déploré l'attitude de l'entreprise lévisienne.

Selon lui, la requête du chantier maritime constitue une « attaque » contre la population des Îles, qui compte sur une desserte maritime efficace pour le transport des personnes, le tourisme et le développement économique.

« Je comprends, je sympathise avec les employés de la Davie qui veulent avoir des contrats, a résumé M. Lapierre. Mais je veux également que les 400 ou 500 employés comprennent qu'ici, on est 13 000 personnes en plein milieu du golfe du Saint-Laurent, sans voisin immédiat. »

Le maire invite le chantier Davie à négocier avec la CTMA et avec le gouvernement plutôt que de passer par la voie des tribunaux, une solution qu'il juge « abusive ». Il craint que le processus retarde la livraison du navire et finisse par coûter une fortune à l'ensemble des contribuables québécois.

« Si tout ça est annulé, on peut supposer qu'on va tomber dans des actions judiciaires de part et d'autre, parce que j'imagine que tous les intervenants vont souhaiter se défendre. Alors qui va payer la note ? Les Québécois, pour la note financière. Qui va payer la note en termes de développement et de services ? Les 13 000 Madelinots que je représente », a déclaré Jonathan Lapierre.