Les services d'urgence se basaient sur des cartes de crues désuètes datant de 1978 pour intervenir lors des inondations du printemps dernier, selon un rapport des pompiers de Montréal qui identifie les failles dans la préparation des autorités. Le document, qui doit bientôt être présenté à l'état-major de la mairesse Valérie Plante, avertit aussi que ces problèmes devront être réglés rapidement, car les catastrophes de ce type risquent de se multiplier à Montréal.

CARTES DÉSUÈTES

« Une mise à jour de la cartographie s'impose », affirme le rapport du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). On y indique que les cotes des crues (l'identification des zones inondables tous les 2, 20 et 100 ans) ont été déterminées sur la base de données de 1985 pour les terrains riverains du fleuve Saint-Laurent et du lac Saint-Louis, et de 1990 « pour le tronçon Varennes-Grondines ». Malgré l'existence de données beaucoup plus récentes pour la rivière des Prairies, les services d'urgence continuent à se servir de cartes basées sur des données de 1978, tirées d'un rapport « désormais désuet », affirme le rapport, sans en expliquer la raison. Le SIM n'a pas voulu accorder d'entrevue pour le présent article.

9-1-1 INONDÉ

Ce ne sont pas que les résidences riveraines qui ont vécu le déluge : dans la nuit du 7 mai, « au plus fort du sinistre », la ligne municipale universelle 3-1-1 est tombée en panne « pendant près de 4 heures ». « Les citoyens se sont alors rabattus sur le 9-1-1 qui a été débordé d'appels », rapporte le bilan. Du côté des autorités, c'est « l'absence de registre » des coordonnées des sinistrés qui a posé problème.

VÉHICULES D'URGENCE BLOQUÉS

« Rapidement », les ambulances d'Urgences-santé et les véhicules de patrouille du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont été « inutilisables dans certains secteurs puisque trop bas pour le niveau de l'eau », toujours selon le rapport. « Par conséquent, ils ne pouvaient assurer une couverture de service adéquate pour certains secteurs. » Selon les pompiers, cette situation devrait déclencher une réflexion au sein des différents services quant à la manière de faire face à une telle catastrophe. Le rapport souligne aussi l'absence de registre du matériel municipal, ce qui a compliqué l'organisation des secours.

DES EMPLOYÉS SANS AIDE PSYCHOLOGIQUE

Parmi les employés municipaux oeuvrant auprès des sinistrés en détresse, « plusieurs n'ont pu bénéficier » d'aide psychologique, indique le rapport, sans toutefois préciser les raisons qui expliquent ce constat d'échec. « Lors d'un prochain sinistre de cette ampleur, il sera important de s'assurer que chaque employé des arrondissements, villes liées et services centraux reçoive l'aide nécessaire. » On recommande de bonifier l'offre, mais aussi de la faire mieux connaître parmi les employés. Le rapport souligne aussi « l'épuisement » des employés municipaux qui travaillaient de longues heures consécutives, surtout « dans les arrondissements et les villes liées où les ressources humaines étaient limitées ».

RÉTABLISSEMENT PROBLÉMATIQUE

Une fois le pire passé, « certains arrondissements et villes liées ont eu l'impression d'être laissés à eux-mêmes », conclut le rapport, impression attribuée à la fermeture du centre de coordination des mesures d'urgence. Par la suite, des sinistrés ont attendu trop longtemps que leur maison soit visitée, selon les pompiers. « La quantité d'inspecteurs de la ville disponibles était insuffisante pour le nombre d'inspections à réaliser, rapporte le document. La même situation s'est aussi fait sentir au sein du ministère de la Sécurité publique dans le cadre du programme de remboursement des personnes sinistrées. »

« RECRUDESCENCE DES ÉVÉNEMENTS »

Le rapport souligne que les améliorations devront survenir rapidement, parce que les changements climatiques risquent fort de multiplier les catastrophes naturelles de ce genre. « La recrudescence des événements et leur ampleur » nécessitent une meilleure planification, selon les pompiers. Le début du document soulignait que des zones identifiées comme à risque se sont finalement révélées sèches, alors que des zones identifiées comme sécuritaires ont été submergées.

« MIEUX OUTILLER TOUS LES SERVICES »

« Nous allons travailler au cours des prochains mois et des prochaines années pour s'assurer de mieux outiller tous les services. Le nombre de phénomènes météo extrêmes va augmenter, et nos décisions politiques devront refléter cette réalité », a fait savoir le bureau de la mairesse Valérie Plante. Selon son équipe, le rapport montre principalement des ratés du côté des communications.