« Quand les victimes joignent leurs voix, leur clameur est trop forte pour qu'on l'ignore », se réjouit Marco Berardini, le maquilleur qui a dénoncé les inconduites sexuelles d'Éric Salvail, à l'issue d'une semaine où il a reçu pas moins de 3000 courriels d'appui, dont plusieurs centaines provenant de victimes d'agression ou de harcèlement sexuels qui le remerciaient d'avoir témoigné à visage découvert.

« Je me suis fait demander par plusieurs journalistes comment je me sentais d'avoir démarré un mouvement d'une telle puissance au Canada. J'aimerais dire que je ressens du soulagement, mais la vérité, c'est qu'il reste beaucoup de travail à faire, écrit-il dans un message dont certaines parties s'adressent directement à Éric Salvail et qu'il a fait parvenir à La Presse. Nous, les victimes, avons fait un pas dans la bonne direction. Nous avons prouvé qu'une voix seule peut peut-être être ignorée, mais que si nous joignons nos voix, la clameur est trop forte pour qu'on l'ignore. »

M. Berardini, qui a échangé cette semaine avec d'innombrables victimes, non seulement de M. Salvail, mais aussi d'autres personnes, connues ou non, a encouragé de nombreuses victimes à porter plainte à la police. « J'ai reçu tellement de messages dans les derniers jours que ma messagerie privée de Facebook a crashé », raconte-t-il.

Dans sa lettre, Marco Berardini remercie Éric Salvail d'avoir reconnu l'ampleur de ses problèmes. Cependant, il se demande s'il pourra réellement suivre une thérapie qui changera ses comportements. « Les alcooliques ne boivent pas une goutte par peur de la tentation. Comment peut-on se guérir d'une dépendance qui implique des relations avec les gens ? Et qui surveillera les agissements d'une telle personne si elle reprend un jour une position de pouvoir ? »

LE GROUPE PHANEUF PREND SES DISTANCES

Il se demande également si Éric Salvail peut rester propriétaire de sa maison de production.

« Est-ce correct de continuer à faire des profits en ayant été aussi irresponsable alors qu'il était en position d'autorité ? »

À ce chapitre, l'actualité a semblé lui donner raison, puisque le Groupe Phaneuf, qui gère la carrière de nombreuses vedettes de l'humour, dont Louis-José Houde, Philippe Laprise et François Bellefeuille, a annoncé qu'il ne collaborerait plus à des projets impliquant Juste pour rire et Salvail & Co tant que Gilbert Rozon et Éric Salvail en demeureraient actionnaires.

« En tant que chef d'entreprise, je suis moi-même très souvent en situation d'autorité. Jamais je ne pourrai accepter ni cautionner de tels comportements », a déclaré sur Facebook le président de l'entreprise, Benjamin Phaneuf. Il s'est dit particulièrement touché par les allégations puisque sa propre fille a été victime d'agression sexuelle. Ces événements ne sont pas liés aux cas qui ont fait les manchettes.