Un cadre d'une entreprise de décontamination des sols d'Anjou s'est donné la mort à la fin septembre, au lendemain d'un interrogatoire serré avec les enquêteurs du Service de l'intégrité sur l'économie de la Sûreté du Québec, a appris La Presse.

Le superviseur de chantier Éric Hamel, 39 ans, père de deux enfants, était ressorti ébranlé de sa rencontre avec les enquêteurs antifraude, le 28 septembre dernier. « Il a été arrêté à 5 h 30 et cuisiné tout le matin. Ç'a été long. Il s'est plaint que les policiers l'ont fait craquer », a expliqué hier Me Karl-Emmanuel Harrison, qui représente les intérêts de l'employeur du défunt, Gestion OFA Environnement.

Ce jour-là, les enquêteurs de la SQ spécialisés en fraude ont mené plusieurs perquisitions, notamment au siège social de l'entreprise, dans un autre bureau de Hawkesbury et au chantier de l'estacade de l'actuel pont Champlain. Plusieurs personnes avaient été arrêtées puis relâchées. Le corps policier a été avare de détails sur la nature de l'enquête, qui est toujours en cours.

Éric Hamel n'était accusé de rien, mais selon nos informations, il vivait beaucoup de pression dans le cadre de son travail.

Il a été retrouvé mort le lendemain de son interrogatoire, à Mascouche. La police municipale a conclu hors de tout doute qu'il s'agissait d'un suicide en raison de « problèmes personnels », selon ce qu'a expliqué à La Presse le capitaine Michel Gaudreau, de la police de Mascouche.

Gestion OFA Environnement a été fondée en 2014 par Hermel Couture et se présente comme « des experts en environnement ». Elle offre principalement des services de décontamination. Selon des documents déposés en cour, l'entreprise a employé pendant un certain temps comme consultant l'homme d'affaires Louis-Pierre Lafortune, ex-vice-président des Grues Guay. M. Lafortune a été reconnu coupable de complot pour recyclage des produits de la criminalité dans un autre dossier cet été, mais il a présenté une requête en arrêt des procédures avant de recevoir sa sentence en raison de délais trop longs dans son procès. Une décision est en attente à ce sujet. M. Lafortune n'a plus de liens avec Gestion OFA Environnement, selon Me Harrison. 

D'autres suicides

Ce n'est pas la première fois que des personnes interrogées dans des enquêtes liées à l'industrie de la construction se suicident après avoir été questionnées sur leur milieu professionnel. En mai 2014, un cadre de la firme Roche en Gaspésie a mis fin à ses jours après avoir reçu la visite des enquêteurs de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Le coroner avait conclu que l'enquête criminelle lui avait causé beaucoup de stress, même s'il identifiait aussi d'autres facteurs ayant contribué à son geste. En 2013, un cadre de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce s'était donné la mort le lendemain d'une visite d'enquêteurs de l'UPAC qui investiguaient sur des soupçons de corruption.

- Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse