Elle était une passionnée des voyages, une citoyenne du monde. Son conjoint, leurs deux enfants et elle avaient parcouru cinq des six continents, puis avaient posé leurs valises en Équateur récemment. Mais samedi, cette planète que la famille québécoise aimait tant parcourir l'a détruite à tout jamais. Quand la terre a tremblé, Jennifer Mawn et son fils Arthur Laflamme sont morts, écrasés par le toit de leur maison.

Les quatre membres de la famille Mawn-Laflamme se trouvaient à la résidence familiale samedi soir. Lorsque le séisme de magnitude 7,8 a touché la côte ouest de l'Équateur, le plafond de leur appartement s'est effondré. Le père, Pascal Laflamme, et sa fille Laurie-Ann ont réussi à s'extirper des décombres. La mère et le cadet n'ont pas connu le même sort.

Le père de Pascal Laflamme a raconté à TVA Nouvelles que son fils et lui discutaient par vidéoconférence au moment où le séisme s'est déclenché. La connexion a alors été perdue. Deux heures plus tard, Pascal Laflamme aurait envoyé un message texte à son père pour lui annoncer qu'Arthur était mort et qu'il était toujours à la recherche de sa conjointe. Finalement, c'est par téléphone qu'il lui aurait annoncé la mort de Jennifer.

DES GLOBE-TROTTEURS

La famille Mawn-Laflamme était une habituée des voyages. « "On veut voir beaucoup de pays", nous ont dit les enfants », peut-on lire dans l'entête du blogue que Jennifer alimentait depuis quatre ans. Une phrase qui démontre que les pommes n'étaient pas tombées bien loin des arbres.

La famille s'était expatriée à l'île Maurice en mai 2011, après avoir passé trois ans et demi à l'île de la Réunion. Elle avait aussi visité l'Europe, l'Inde, l'Australie et l'Afrique du Sud, pour ne nommer que ceux-là. Récemment, elle s'était installée en Équateur où Pascal travaille à titre de directeur du marketing pour un projet résidentiel, Las Olas Ecuador. Jennifer était neuropsychologue et fondatrice de la Clinique de neuropsychologie pédiatrique Rive-Sud.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, s'est dit « attristé par ces pertes de vie humaine », dans un communiqué. Il a assuré que l'ambassade canadienne fournirait de l'aide à ses citoyens touchés par le séisme ; au moins 1023 Canadiens sont en Équateur présentement. Il a aussi ajouté que le Canada continuerait de « collaborer avec les autorités locales pour évaluer les conséquences et les besoins sur le terrain ».

SÉISME HISTORIQUE

Le tremblement de terre qui a frappé la province de Manabi a fait au moins 262 morts et et 2500 blessés. Le bilan pourrait continuer de s'alourdir puisque de nombreuses personnes étaient toujours portées disparues, hier soir. L'épicentre se trouve à Pedernales, un haut lieu touristique de 40 000 habitants où une trentaine d'hôtels auraient été détruits.

La première secousse s'est produite quelques minutes avant 19 h, samedi. Jusqu'à 189 répliques ont suivi. Il s'agit du plus important séisme des 40 dernières années à frapper l'Équateur. De nombreux dégâts ont été constatés dans les villes de Manta, Portoviejo et Guayaquil, toutes situés à des centaines de kilomètres de l'épicentre.

Selon l'Associated Press, plus de 3000 paquets de nourriture et 8000 sacs de couchage ont été envoyés, hier, par le Venezuela et la Colombie. L'Union européenne, l'Espagne, le Pérou et le Mexique ont aussi promis leur aide.

Lorsque la tragédie a frappé, le président, Rafael Correa, était au Vatican. Il a coupé court à son voyage et est rentré d'urgence dans son pays. À son arrivée, hier, il a déclaré l'état d'urgence. Au-delà des bâtiments détruits, d'importants glissements de terrain ont provoqué la fermeture de 12 axes routiers principaux.

Les autorités ont aussi annoncé que 180 détenus d'une prison de Portoviejo s'étaient échappés, de quoi ajouter à l'inquiétude des Équatoriens déjà fortement ébranlés.

DES SÉISMES À LA CHAÎNE

Samedi soir, au moment où le séisme frappait l'Équateur, le Pérou connaissait le même sort avec un tremblement de terre de magnitude 7,4. Or, il n'y aurait jusqu'à présent aucune victime. Hier, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a touché les îles Tonga, dans le Pacifique. Ces séismes ne sont pas sans rappeler celui de jeudi dernier, qui a secoué le sud-ouest du Japon et causé la mort d'au moins 41 personnes. Ces endroits touchés sont tous situés dans la « ceinture de feu », une zone de rencontre de plaques tectoniques.

- Avec la collaboration de Jean-François Codère; avec l'AFP et AP