Après son combat dans le secteur public en 2015, la FTQ s'attèlera en 2016 aux fortes turbulences qui frappent ses nombreux syndicats dans le milieu municipal.

Déjà, plusieurs syndicats contestent devant les tribunaux la loi qui a imposé un partage du coût des régimes de retraite dans le milieu municipal, mais un autre front risque de s'ouvrir cette année avec l'engagement du ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, de permettre aux villes de décréter les conditions de travail de leurs employés en cas de négociation infructueuse.

Le ministre Moreau en avait fait l'annonce lors du congrès de l'Union des municipalités, mais depuis, les syndicats du milieu municipal attendent de voir s'il passera de la parole aux actes. La FTQ représente 70 % de l'ensemble des syndiqués du milieu municipal par le biais de son Syndicat canadien de la fonction publique, soit 31 600 membres.

Certains ont déjà menacé de contester aussi cette éventuelle loi devant les tribunaux. Ils se sentent encore plus motivés depuis que la Cour suprême du Canada a réaffirmé, en janvier 2015, l'importance constitutionnelle du droit de négociation et même du droit de grève, afin de rééquilibrer les forces entre employeurs et syndicats.

« Si ça va dans ce sens-là, ça nous apparaît évident que ça va à l'encontre des chartes québécoise et canadienne des droits et libertés. Pour nous, ce serait une transformation radicale. Ce serait sans précédent. Ça n'existe pas nulle part ailleurs au Canada [un endroit] où un employeur a le pouvoir de décréter les conditions de travail de ses employés », s'est insurgé le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux.

Il ajoute que même lorsque le gouvernement du Québec a voulu imposer les conditions de travail de ses employés, il y a plusieurs années, il a dû avoir recours à une loi spéciale et la justifier.

Où sont les emplois?

Par ailleurs, le président de la FTQ, Daniel Boyer, s'est dit peu impressionné par le bilan du gouvernement Couillard en matière de création d'emplois. Il s'était engagé à créer 250 000 emplois en cinq ans.

« Il y a 28 500 emplois qui ont été créés depuis l'élection du gouvernement Couillard. On sera fort probablement très loin de la cible des cinq années. Et parmi ces 28 500 emplois-là, c'est surtout des emplois dans le secteur des services, donc des emplois plus précaires, plus atypiques et moins bien rémunérés que les emplois qui ont été perdus au fil des dernières années au Québec », a déploré M. Boyer, qui précise que le gouvernement en est au tiers de son mandat.

La FTQ revendique donc une véritable politique industrielle pour relancer l'emploi et un véritable dialogue social pour y parvenir.

Rétablir le crédit d'impôt

La FTQ réitère aussi ses attentes quant à l'engagement électoral du chef libéral Justin Trudeau de rétablir le crédit d'impôt dont bénéficient les contribuables qui cotisent à un fonds de travailleurs, comme le Fonds de solidarité de la FTQ ou le Fondaction CSN.

Et bien que l'on soit en janvier, il ne croit pas qu'il soit trop tard pour la présente année fiscale. « Pourquoi il serait trop tard? Il n'est jamais trop tard », s'est exclamé M. Boyer.

Et le secrétaire général Serge Cadieux s'est empressé d'ajouter : « ce ne serait pas la première fois qu'un ministre adopte une mesure fiscale rétroactive; c'est arrivé dans le passé ».