Pour protéger les Canadiens du «monde dangereux dans lequel nous vivons», le budget d'hier a accordé des milliards de dollars à la Défense nationale, aux corps policiers, aux agences de renseignement et à d'autres institutions, comme le Parlement et les tribunaux. «Les récents événements tragiques survenus au pays ont rappelé aux Canadiens que le monde peut s'avérer dangereux et que le Canada n'est pas à l'abri de la menace du terrorisme, de cyberattaques et d'autres maux», peut-on lire dans le document. «Le gouvernement n'hésite pas à affronter ce mal.» Voici un survol des mesures proposées.

200 millions pour protéger les institutions

Le gouvernement investira près de 200 millions pour hausser la protection de certaines infrastructures et institutions canadiennes. Les tribunaux fédéraux, dont la Cour suprême, se verront accorder 19 millions sur cinq ans pour améliorer leur sécurité physique et électronique. Une enveloppe semblable ira aux bases militaires du pays. Le Parlement obtiendra 60 millions sur trois ans pour assurer la sécurité de la colline en attendant que des mesures permanentes soient mises en place dans la foulée de l'attaque du mois d'octobre, dont la création d'une force unifiée. Enfin, près de 100 millions seront mis de côté pour la protection contre les cyberattaques, dont 36 millions au secteur privé afin de lui permettre d'élaborer des «plans de cybersécurité» visant à protéger les «cybersystèmes essentiels», par exemple les systèmes financiers ou de télécommunication.

300 millions pour lutter contre le terrorisme

À plusieurs reprises depuis les attaques du mois d'octobre à Ottawa et Saint-Jean-sur Richelieu, la GRC a déclaré que le regain d'attention porté aux dossiers de terrorisme nuit à d'autres secteurs, dont la lutte contre le crime organisé. Le gouvernement a donc réservé un montant de 293 millions pour le corps policier de même que le Service canadien du renseignement de sécurité et l'Agence des services frontaliers du Canada pour leur permettre de mieux lutter contre le terrorisme. La répartition de ces sommes n'a pas été précisée. Le service de police de la Ville d'Ottawa obtiendra pour sa part 10 millions sur cinq ans, compte tenu des défis particuliers que pose la protection de la capitale canadienne. Trois millions seront également mis de côté pour permettre d'améliorer les communications entre diverses agences chargées d'assurer la sécurité publique.

12,5 millions pour surveiller le SCRS

Un financement supplémentaire de 12,5 millions de dollars sur cinq ans sera accordé au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité pour améliorer sa surveillance du SCRS. L'une des principales critiques formulées à l'égard du projet de loi C-51, qui donne plus d'outils aux forces de l'ordre pour lutter contre le terrorisme, est que la surveillance des agences de renseignement et de sécurité ne sera pas améliorée, alors que les structures existantes sont déjà sous-financées. Ces 12,5 millions ne représentent toutefois que 2,5% des 500 millions accordés pour améliorer les mesures de sécurité et la lutte au terrorisme au pays.

12 milliards pour la Défense nationale

La Défense nationale hérite d'une part importante de la tarte budgétaire: le gouvernement a annoncé hier une augmentation de son budget de 11,8 milliards sur 10 ans à compter de 2017-2018. La progression budgétaire annuelle du ministère passera ainsi de 2 à 3%. Ces sommes s'ajoutent aux 360 millions annoncés pour la mission des Forces canadiennes en Irak et en Syrie pour combattre le groupe armé État islamique au cours de la prochaine année. La mission de formation des forces de sécurité ukrainiennes par des militaires canadiennes bénéficiera d'un financement de 7 millions. Le gouvernement «prend des mesures pour rebâtir les Forces armées canadiennes et en faire une puissance militaire moderne, apte au combat et prête à intervenir pour défendre le Canada au pays et à l'étranger», affirme-t-on dans le budget.