Le week-end dernier, Montréal a vibré au rythme d'Osheaga, mais les festivaliers n'étaient pas les seuls à être aux premières loges des nombreux concerts. Une vingtaine de citoyens de Saint-Lambert se sont plaints à l'hôtel de ville de leur municipalité du «bruit excessif» qui émanait du parc Jean-Drapeau.

«Dimanche soir, c'était dans le tapis, comme on dit! Le bruit était très élevé. Nous avons reçu une vingtaine de plaintes, et je suis allé à la rencontre des citoyens dans les quartiers près [du fleuve]. Les gens devaient fermer leurs fenêtres, ça n'avait aucun sens», a expliqué le conseiller municipal Hugues Létourneau.

Après avoir envoyé une mise en demeure à l'arrondissement de Ville-Marie pour le sommer de diminuer les décibels qui émanent du parc Jean-Drapeau lorsqu'il y a des concerts, Saint-Lambert envisage maintenant d'entamer des poursuites judiciaires.

«Un sonomètre a été installé sur le toit d'une maison qui est près du parc Jean-Drapeau, et nous transmettrons les données qui ont été collectées à un expert indépendant. Nos avocats nous conseilleront pour la suite des procédures à suivre, mais selon nous, c'est une question de bon voisinage», a dit M. Létourneau.

«Nos citoyens vivent cette situation depuis des années. Un moment donné, il y a des limites, et nous sommes rendus là», a-t-il ajouté.

Les citoyens sont partagés

La Presse est allée hier à la rencontre des citoyens de Saint-Lambert et a constaté qu'ils étaient partagés sur la question du bruit produit par les festivals de l'île Sainte-Hélène.

«Non, ça ne nous dérange pas. On savait que le festival avait lieu, mais c'est seulement pour un week-end», a dit une enseignante qui habite à quelques mètres d'un parc qui longe le fleuve.

«Ce sont des extrémistes, ceux qui se plaignent», a ajouté son conjoint.

À la sortie d'une piscine municipale, un père de famille avait toutefois une opinion très différente. «J'ai sorti mon sonomètre, et ça dégageait 73 décibels. C'est très élevé pour un festival où on ne va pas», a-t-il affirmé.

Saint-Lambert devrait-il entamer des poursuites judiciaires? Sur cette question, les citoyens rencontrés ne sont pas tous d'accord.

«Oui, on l'a entendu. J'habite dans une rue qui est située devant l'autoroute 132, et c'était bruyant jusqu'à 23h. Mais il y a des choses bien pires dans la vie. Ceux qui veulent une poursuite sont des chialeux», a dit un citoyen de la rue Logan.

Au centre-ville, les citoyens rencontrés par La Presse avaient tous leur mot à dire sur le festival Osheaga. Dans la principale rue commerciale, deux amies que nous avons rencontrées ne partageaient pas la même opinion, mais s'entendaient au moins sur une chose: le bruit était moins élevé cette année.

«Les autres années, on avait vraiment le «boum boum», mais cette année, c'est moins pire. Vendredi, je le supportais, mais hier à l'heure du souper, lorsque je lisais sur la terrasse, c'est devenu trop. J'ai fermé la porte, car c'était envahissant», a dit l'une d'elles.

«Moi, j'habite un peu plus loin, et ça ne me dérange pas du tout. Je me suis dit que c'était trois jours dans l'été, ce n'est pas très long», a-t-elle répliqué à son amie.

La route 132 est plus bruyante, répond Montréal

Interpellé au cours du week-end par les médias lors d'une visite dans l'île Sainte-Hélène, le maire de Montréal, Denis Coderre, ne s'est pas montré très sensible aux préoccupations de la vingtaine de citoyens de Saint-Lambert qui se plaignent du bruit.

«Écoutez, on fait des tests de bruit tout le temps, et il y a plus de bruit avec la route 132 qu'avec Osheaga. On va laisser aller le processus, on a reçu une mise en demeure, [les gens de Saint-Lambert] font ce qu'ils ont à faire. Une métropole comme Montréal, [un festival où viennent] plus de 145 000 personnes, c'est festif», a dit le maire Coderre.

«On contrôle toujours le bruit. C'est sûr qu'il y aura toujours des gens qui n'aimeront pas ça, je suis désolé, mais on appelle ça une grande métropole. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?», a-t-il ajouté.

Lors d'une récente sortie médiatique, le directeur du festival, Jacques Aubé, a affirmé que 150 000$ avaient été investis cette année pour réduire le bruit provenant du site.

Osheaga est un événement rentable et attrayant pour la métropole. Avec 135 000 entrées payantes et près de 70% des festivaliers qui viennent de l'extérieur de Montréal (et de 50 pays), l'industrie touristique et hôtelière roule sur l'or pendant ce week-end musical.

La semaine dernière, le gouvernement du Québec a également annoncé une aide de 400 000$ pour soutenir le festival.