Sous un soleil radieux, ils étaient des centaines de milliers - plus d'un million selon les organisateurs - à marcher dimanche dans la Ville reine pour le plus gros défilé de la fierté gaie au pays.

Mais parmi toutes ces têtes couronnées, ces sourires enjoués et ces corps bronzés, un personnage brillait par son absence: Rob Ford, le maire de Toronto. Depuis 1998, c'est la première fois que celui qui dirige le conseil municipal ne se joint pas aux célébrations.

«Participer à ce défilé a été l'une des expériences les plus émouvantes de toute ma carrière», lance l'ancienne mairesse de Toronto Barbara Hall. Ses prédécesseurs Mel Lastman et David Miller avaient aussi pris part au cortège festif alors qu'ils étaient en fonction.

«Bien sûr que je suis là!», claironne Bob Rae, chef du Parti libéral et député de Toronto-Centre, la circonscription qui abrite le plus gros quartier gai au pays. «Rob Ford manque une très belle occasion de montrer qu'il est le maire de tous les Torontois. Il manque de respect pour ceux qui habitent sa ville, mais aussi pour ses fonctions d'élu municipal.»

«Si ça continue, les États-Unis vont avoir une longueur d'avance dans notre marche pour l'égalité! s'étonne une professeure d'éducation physique d'une école primaire de Montréal, Annie Jodoin. Elle a profité du congé estival pour participer aux célébrations de la fierté à New York, il y a une semaine, puis maintenant à celles de Toronto.

«New York vient tout juste de reconnaître le mariage entre conjoints de même sexe. Le défilé était une grande fête de la victoire! Le gouverneur [Andrew] Cuomo et [le maire Michael] Bloomberg étaient là. Ici, Rob Ford n'est même pas capable d'écourter de quelques heures un week-end à son chalet pour être avec nous. C'est ma fierté nationale qui en prend un coup!»

Toute la semaine, des indices avait laissé entrevoir que Rob Ford changerait peut-être d'avis. Plusieurs croyaient que sa rencontre avec le directeur général des Maple Leafs de Toronto, Brian Burke, avait influencé sa décision.

Burk a rendu hommage à son fils Brendan en marchant dans le défilé pour une deuxième année consécutive.Pressé d'expliquer sa décision, Rob Ford s'est contenté d'une déclaration le 22 juin aux journalistes: «Depuis que je suis tout petit, aussi loin que je puisse me rappeler, j'ai passé le long week-end de la fête du Canada à mon chalet. Je veux poursuivre cette tradition qui vient de mon père. Nous sommes là chaque année depuis plus de 30 ans. Ça ne va pas changer.»