Depuis deux ans, la Congrégation de Sainte-Croix fait les manchettes. Mais ce n'est pas tant pour son premier saint, le frère André, canonisé tout récemment, que pour la révélation d'une série de scandales sexuels, longtemps cachés.

En décembre 2008, Sue Montgomery a publié dans The Gazette une longue enquête faisant état de nombreuses agressions dont ont été victimes plusieurs élèves du Collège Notre-Dame, à Montréal. Des sévices que la Congrégation a étouffés et cachés.

Trois mois plus tard, René Cornellier, le père de l'une de leurs victimes aujourd'hui décédée, a déposé une demande en recours collectif contre la Congrégation pour les agressions sexuelles commises à Notre-Dame entre 1960 et 2001.

En septembre dernier, l'émission Enquête évoquait à son tour le scandale. C'est en regardant l'émission que deux victimes des frères du Collège Saint-Césaire ont décidé de demander l'élargissement du recours collectif à des agressions commises entre 1960 et 1991.

La première audience pour la demande d'autorisation de recours collectif a été fixée en février. Hier toutefois, on a appris que la Congrégation a demandé une médiation. Une première rencontre entre les avocats des plaignants et ceux de la Congrégation aura lieu le 20 décembre. «C'est une bonne nouvelle et un pas dans la bonne direction», dit Me Eric Simard, qui représente la Congrégation.

Le fils de M. Cornellier, Robert Cornellier, s'est montré plus prudent. «Pour l'instant, je n'en pense rien car je n'ai encore rien vu. Est-ce qu'ils veulent montrer de la bonne volonté? Qu'est-ce qui fait qu'ils bougent maintenant? Je n'en sais rien», a-t-il dit.

La Congrégation de Sainte-Croix n'est pas la seule à faire l'objet de procédures au Québec. Un recours collectif vient d'être autorisé pour les pensionnaires du Séminaire Saint-Alphonse, à Sainte-Anne-de-Beaupré, entre 1960 et 1987, contre les pères rédemptoristes.

Pour France Bédard, fondatrice de l'Association de victimes de prêtres, victime elle-même de sévices, le Québec comme de nombreux pays catholiques, abrite de nombreuses victimes d'hommes d'Église. «Depuis que j'ai décidé de sortir publiquement, les victimes sortent, dit-elle. J'en ai de partout des courriels de victimes qui dénoncent. De partout.»