Fini les yeux rouges, les yeux qui piquent ou les infections bénignes à l'oeil à la clinique d'ophtalmologie de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. À partir de septembre, les patients qui n'ont pas de rendez-vous se heurteront à une porte close.

Confrontée à une clientèle sans cesse croissante, la clinique doit procéder à une importante réorganisation de ses services. Le service de consultations sans rendez-vous ferme ses portes.

 

Par contre, la clinique demeure ouverte. Les patients devront désormais être envoyés par un médecin ou un optométriste et obtenir un rendez-vous pour voir un ophtalmologiste. Les patients déjà suivis à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont continueront d'être pris en charge.

Un service téléphonique sera mis en place et une infirmière sera au bout du fil pour guider les patients. Elle pourra notamment les orienter vers une clinique de leur quartier.

«Nous voulons nous concentrer sur le surspécialisé, qui est d'ailleurs notre mission d'excellence», indique Julie Vaillancourt, chef clinico-administratif du programme d'ophtalmologie, pour expliquer cette restructuration majeure.

Victime de son succès

Lorsque la clinique «des yeux rouges» de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont a ouvert ses portes, il y a plus d'une vingtaine d'années, elle répondait notamment aux urgences dans le domaine de l'ophtalmologie. Avec les nombreuses usines situées dans l'est de la ville, il arrivait souvent que des patients soient traités à la suite d'un accident de travail, parce qu'ils avaient reçu un produit nocif dans les yeux.

Au fil des ans, le bouche-à-oreille a aussi fait son oeuvre. Des patients d'un peu partout se sont mis à affluer parce qu'ils avaient un problème à un oeil et ils voulaient consulter un spécialiste. D'ailleurs, la majorité des patients ne vient pas du territoire desservi par l'hôpital, révèle un sondage mené par l'établissement. Le tiers provient même de la Rive-Sud ou de la banlieue nord de Montréal.

Seule en son genre à Montréal, la clinique est victime de son succès. «Les gens viennent de partout. Ils se présentent avec une problématique relativement simple qui peut être traitée assez facilement par un autre médecin, mais ils se déplacent ici parce qu'ils savent qu'ils peuvent être vus dans la journée», relate le Dr François Codère, chef médical du programme d'ophtalmologie.

Salle d'attente bondée

La salle d'attente est constamment bondée. De 40 à 80 patients sont vus chaque jour. Plusieurs attendent pendant des heures.

Certains ont les yeux qui piquent. D'autres traînent une infection à un oeil. D'autres encore veulent un deuxième avis médical. Tous des cas relativement mineurs pour les ophtalmologistes.

Il y a un problème, note la direction. Pendant que les ophtalmologistes sont occupés à traiter des cas bénins, les listes d'attente s'allongent pour les cas qui nécessitent des soins très pointus, déplore le Dr Codère. C'est le service de troisième ligne, notamment pour le glaucome ou la rétine, qui en subit les conséquences.

«Il n'y a pas une spécialité de la médecine où un patient se présente pour consulter un spécialiste sans rendez-vous, comme ça, simplement parce qu'il croit qu'il doit voir un spécialiste», illustre d'ailleurs Mme Vaillancourt.

La clinique sans rendez-vous cessera donc ses activités le 21 septembre. D'ici là, de l'information sera donnée et des affiches seront installées dans la salle d'attente de la clinique pour prévenir les patients. La transition se fera en douceur, promet-on.