Nous sommes en campagne électorale! Campagne électorale: courte période d'amnésie profonde. Le temps de la politique courante s'arrête. Nous entrons dans une période d'images, de sondages, de stratégie, de sourires et de beaux, de très beaux discours.

Étrange tout de même que l'électorat soit si malléable. Quelle en est la cause? Les médias favorisent-ils l'image? Que l'image? La superficialité, tellement superficielle qu'on glisse vers la médiocrité profonde. On parle en superficialité de choix de sociétés, de gauche, de droite, sans jamais préciser les choix, sans spécifier ce que sont les valeurs de la gauche, de la droite (je parle de valeurs et non pas de clichés ou de caricatures). Valeurs de droite, valeurs de gauche: au service de l'économie ou au service des êtres humains.

À mon avis, la période pré-électorale est un temps propice à la précision des choses, à la réflexion profonde, c'est le temps de se demander: quelle société nous voulons? Quelles sont nos valeurs? Préférez-vous qu'on dépense vos impôts pour aller tuer ou pour soulager la misère qui vous entoure? Souhaitez-vous que les lois protègent les intérêts des pétrolières ou si vous souhaitez qu'on protège l'environnement pour que vos enfants puissent espérer vivre sur une planète "vivable"? Aimez-vous être sous écoute, que l'on scrute votre courrier, que l'on analyse votre mode de vie? Pour votre sécurité? Ou pour mieux vous contrôler?

Présentement, a-t-on un gouvernement "conservateur" ou "réformiste"? Vous savez, les réformistes de Stockwell Day. Le gouvernement Bush. La droite un peu extrême, beaucoup religieuse, qui sait ce qui est bien pour vous et veut votre bien. Vous savez, ces milliards pour l'armement, pour l'armée, pour la guerre. Vous savez, ce fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres.

Quelle sorte de société voulons-nous? Celle que nous offrent les réformistes de Stephen Harper? Si c'est votre choix, tout va. Par contre, si ce n'est pas le cas, la chose se complique. Alors, vote "stratégique" ou vote selon vos valeurs profondes? Hum! Bien difficile!

Et il y a le courant politique que les sondages imposent. Peut-on remettre en question la superbe validité des fameux sondages? Tout le monde sait que rien n'est plus sérieux (sic) qu'un sondage. Les partis savent très bien utiliser le sondage et les sondeurs.

Les journalistes adorent analyser les sondages, en long et en large. Ils en raffolent, bien plus que le fond des programmes et les valeurs et les choix de société. Un sondage: des heures de discussions, d'analyses, de prévisions. Les programmes: c'est totalement secondaire, la couleur de la cravate importe beaucoup plus.

Ah! ces journalistes! Toujours à l'affût de la niaiserie, de la pirouette et du mauvais pas. Les médias servent-ils bien la démocratie? La démocratie n'est rien sans une saine information. Force est de constater que nous avons un cirque! Un triste cirque! C'est notre démocratie. Une démocratie d'images et de sondages. Une image de démocratie.

Bon, oubliez tout et bonne campagne!

Serge Charbonneau, Farnham