L'affaire Mulroney-Schreiber est maintenant entre les mains d'une commission d'enquête, mais le Bloc québécois n'a pas pour autant dit son dernier mot puisque la formation politique demandera de participer à l'exercice.

Le Bloc présentera, lors des audiences prévues à cet effet en octobre, sa demande pour obtenir le statut d'intervenant à la commission d'enquête. Les participants à une enquête publique ont accès aux documents et peuvent intervenir auprès du juge qui la préside.

«On veut regarder de proche l'aspect politique de l'enquête, particulièrement la gestion de la correspondance au bureau du premier ministre», explique la députée Carole Lavallée, qui est porte-parole du Bloc dans ce dossier.

La Commission sur les allégations au sujet des transactions financières et commerciales entre Karlheinz Schreiber et Brian Mulroney doit entreprendre ses audiences publiques en février 2009. On ne sait pas encore jusqu'où le juge Jeffrey Oliphant décidera de creuser ce dossier complexe aux multiples ramifications.

Le conseiller spécial du premier ministre Stephen Harper avait recommandé que la commission d'enquête ait un mandat restreint puisqu'il serait inutile de refaire le travail accompli par le passé dans le cadre des enquêtes de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ou encore de rouvrir des dossiers dont les faits sont connus depuis longtemps.

Le mandat accordé au juge Oliphant lui permet toutefois de décider lui-même de la portée de son enquête. Il pourrait aussi décider de tenir des audiences à huis clos.

Le Bloc croit aussi que sa présence à titre d'intervenant pourrait servir à rappeler à la mémoire du juge que bien des questions demeurent sans réponse et que des audiences derrière des portes closes ne serviraient en rien l'intérêt public.

«Le Bloc veut être là pour tenter d'influencer le commissaire et ses adjoints de la meilleure façon possible (...) et pour argumenter que ce n'est pas une transaction entre deux individus» dont il est question, fait valoir Mme Lavallée.

La raison première de l'enquête publique vise à faire la lumière sur des centaines de milliers de dollars versés par l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber à l'ancien premier ministre Brian Mulroney.

Devant un comité parlementaire, M. Mulroney a affirmé qu'il avait accepté 225 000 $ en argent comptant lors de trois rencontres secrètes dans des chambres d'hôtel pour faire la promotion de véhicules militaires auprès de chefs d'État de pays étrangers, dont la France, la Chine ou la Russie.

À l'opposé, M. Schreiber a soutenu avoir versé 300 000 $ à M. Mulroney pour qu'il tente de convaincre le gouvernement fédéral de donner un appui financier au projet Bear Head, qui prévoyait la construction d'une usine de véhicules blindés légers au Canada.

Les versions diffèrent et on ne sait toujours pas quand, comment et pourquoi les paiements ont été faits.

L'enquête pourrait servir à déterminer si le premier versement s'est produit alors que M. Mulroney siégeait encore comme simple député.

Le juge Oliphant devra aussi se pencher sur une lettre que M. Schreiber a fait parvenir à M. Harper, au printemps 2007, où il y racontait sa version. L'opposition accuse M. Harper d'avoir caché ce fait.

Lors de la Commission Gomery sur le programme de commandites, le Bloc, tout comme le Parti conservateur, avaient obtenu le statut d'intervenant. Une partie des dépenses encourues par les avocats retenus par le Bloc avait été défrayée par la commission elle-même.

La Commission Oliphant, qui peut accorder une aide financière à certains intervenants et parties, n'a encore pris aucune décision sur le sujet.