L'avocate d'un groupe de défense des droits de la personne représentant le Canadien Maher Arar a estimé lundi que la décision rendue plus tôt en journée par un tribunal d'appel des Etats-Unis, maintenant le rejet d'une poursuite intentée par Arar, permettait essentiellement au gouvernement américain de soumettre tout étranger à la torture.

Maria LaHood, avocate du Center for Constitutional Rights, organisation basée aux Etats-Unis, a affirmé que «cela signifie que les Etats-Unis peuvent faire à quiconque ce qu'ils ont fait à Maher».

«Ils peuvent le faire à n'importe qui, à n'importe quel citoyen étranger, et se servir du processus d'immigration pour envoyer quelqu'un à la torture», a-t-elle ajouté.

Arar a été identifié comme étant un membre du réseau terroriste al-Qaïda entre deux vols à l'aéroport new-yorkais Kennedy, en 2002, alors qu'il rentrait au Canada après avoir passé des vacances à l'étranger.

Il a éventuellement été relâché sans que des accusations n'aient été portées contre lui, puis est rentré au Canada, où une enquête judiciaire l'a innocenté de tout lien avec des terroristes. Ottawa lui a par la suite versé une indemnité de 10,5 millions $.

Lundi, à New York, la Cour d'appel des Etats-Unis a jugé que les arguments avancés par Arar, selon lequel il allait à l'encontre de la loi de le déporter en Syrie, ne pouvaient être entendus en cour fédérale. Le tribunal a conclut qu'agir de la sorte constituerait une ingérence dans des questions sensibles relatives à la politique étrangère et la sécurité nationale.

Entre le moment où il a été interpellé à l'aéroport Kennedy et celui de son retour au Canada, l'ingénieur d'Ottawa a été déporté en Syrie, où il a été emprisonné et torturé à titre de suspect de terrorisme.

Une fois connue la décision rendue par le tribunal d'appel américain, lundi, Mme LaHood a parlé à Arar, qui a également été interloqué par le jugement.

«Il a non seulement été déçu, il a été outré», a-t-elle dit.

«Il est à juste titre fâché de ne pas pouvoir obtenir justice, et pas seulement de ne pas pouvoir obtenir justice, mais d'avoir été envoyé se faire torturer pour rien parce qu'il ne peut même pas empêcher le gouvernement de le faire à quelqu'un d'autre», a ajouté Mme LaHood.