Me Lucien Bouchard et onze autres avocats devront attendre encore quelques semaines pour savoir si la plainte déontologique déposée contre eux par l'homme d'affaires Cal Moisan sera entendue par le comité de discipline du Barreau du Québec.

Après avoir entendu les parties pendant 90 minutes, lundi, le président du comité, Me Jean Paquet, a indiqué qu'une décision devrait être rendue d'ici quelques semaines.

La plainte privée de Cal Moisan a fait du chemin depuis son dépôt, il y a un an. Les représentants des avocats visés ont demandé et obtenu du comité de discipline le rejet d'une demande de radiation provisoire de leurs clients. Le Tribunal des professions a entériné cette décision.

M. Moisan demande maintenant au comité de lui permettre de déposer les documents qui constituent, selon lui, la preuve des fautes professionnelles des avocats qu'il vise dans sa plainte. Les représentants des avocats ont plutôt soutenu que la plainte elle-même devait être rejetée parce qu'elle ne contiendrait pas les éléments factuels requis.

«Vous avez refusé mes preuves en octobre 2007, que voulez-vous que je vous dise de plus? J'ai des caisses de documents à distribuer», a fait valoir M. Moisan.

Le président du comité a dû expliquer à quelques reprises au plaignant qu'il lui fallait d'abord juger de la validité de la plainte.

Au nom de Me Lucien Bouchard, l'avocat Michel Jolin a signalé que la plainte ne comportait aucun élément permettant de deviner, même sommairement, de quoi son client était accusé.

«Pour être valide, la plainte doit expliquer où, quand, comment, pourquoi et avec qui les fautes professionnelles alléguées ont été commises afin de permettre à Me Bouchard de les situer, a avancé Me Jolin. Pour l'heure, il ignore en quoi il aurait pu poser un geste fautif.»

Me Jolin a fait valoir au comité de discipline que le plaignant émettait des opinions dans sa plainte et que, ce faisant, il formulait des accusations très graves, comme d'avoir eu recours à des procédés frauduleux, d'avoir intenté des procédures dilatoires et de s'être placé dans une situation de conflit d'intérêts.

«Quelle est la motivation derrière tout ça? s'est demandé Me Jolin. Il y a là une intention de nuire», a-t-il soutenu.

Parmi les autres avocats visés par la plainte, on retrouve Mes Pierre Fournier, Pierre Trépanier, Jean Trudel, Domique Lafleur, Marie France Tozzi et John Sullivan.

Le plaignant, Cal Moisan, est membre de la famille qui possède la compagnie d'emballage Standard Paper Box. La famille Moisan était autrefois très liée à la famille Simard. Mais voilà qu'en 2003, les Simard, qui possèdent des parts dans la compagnie d'emballage fondée en 1903, ont poursuivi les Moisan, leur reprochant d'avoir fait des transactions au détriment des actionnaires minoritaires. Me Bouchard représentait deux membres de la famille Simard.