Les services sociaux de l'Ontario affirment n'avoir joué aucun rôle dans le placement de Katelynn Sampson dans la famille de Donna Irving, où la fillette de 7 ans a finalement trouvé la mort. La mère biologique a elle-même cédé la garde légale de sa fille à Mme Irving sans que personne ne pose la moindre question sur les dossiers criminels de la tutrice et de son conjoint.

Dans sa première déclaration publique depuis le drame, Kenn Richard, directeur général des Native Child and Family Services (NCFS) de Toronto, a indiqué hier par communiqué que son organisme n'avait joué aucun rôle dans le placement de la petite Sampson chez celle qui est accusée de l'avoir assassinée. «C'était un arrangement privé entre Donna Irving et Bernice Sampson (la mère biologique de Katelynn)», fait valoir M. Richard.

«La mort de cette enfant montre la nécessité d'examiner et d'évaluer soigneusement les circonstances du placement d'enfants qui se déroulent hors du système de protection de l'enfance. Les antécédents judiciaires des tuteurs devraient obligatoirement être examinés, comme les sociétés de protection de l'enfance en ont l'obligation légale.» Les Native Child and Family Services sont une division de la Direction de la protection de la jeunesse ontarienne. Ils ont pour mandat de veiller sur les enfants autochtones de la région de Toronto. Les deux autres enfants de Donna Irving sont désormais sous la garde des NCFS.

La juge approuve sans examen

Des transcriptions d'audiences du Tribunal de la jeunesse de l'Ontario, publiées hier dans le Toronto Star, montrent que la juge Debra Paulseth, qui a approuvé «l'entente privée» conclue entre Donna Irving et Bernice Sampson, n'a pas non plus posé la moindre question sur les antécédents judiciaires du couple formé par Donna Irving et Warren Johnson.

La mère biologique était toxicomane. Ses autres enfants avaient aussi été placés par les services de protection de l'enfance de l'Ontario. Bernice Sampson voulait placer sa fille chez Donna Irving, son amie depuis 10 ans.

La juge Paulseth, qui siège depuis 13 ans au Tribunal de la jeunesse, est arrivée à la première audience, le 19 février, en avouant qu'elle n'avait pas pris connaissance du dossier de Katelynn Sampson. «Pourquoi avez-vous choisi cette femme pour devenir la tutrice de votre enfant?» a-t-elle simplement demandé à Bernice Sampson. «C'est une amie, c'est ma meilleure amie», a répondu la mère. «Vous approuvez le choix de son conjoint?» a poursuivi la juge. «Oui», a répondu Mme Sampson.

Durant les trois audiences sur le cas de la fillette, le nom de Katelynn n'a été mentionné que sept fois. La juge Paulseth n'a posé aucune question sur les dossiers criminels de Mme Irving et M. Johnson, qui ont pourtant été condamnés pour possession et trafic de drogue, prostitution et voies de fait. La juge a en revanche fait faire des recherches pour retrouver le père biologique de la fillette, recherches qui se sont avérées infructueuses.

La juge a finalement accordé la garde légale de Katelynn Sampson à Donna Irving. Dimanche dernier, la fillette a été trouvée morte dans l'appartement du couple Irving-Johnson, le corps couvert de contusions. Donna Irving avait prétendu, en appelant les ambulanciers, que l'enfant s'était étouffée avec de la nourriture. Cette version a rapidement été contredite par la police.

La femme a été accusée, mardi, de meurtre non prémédité. Jeudi, son conjoint a fait face aux mêmes accusations.