La proposition risquée de Stéphane Dion d'imposer une taxe sur les émissions carboniques n'a pas propulsé le Parti libéral du Canada (PLC) au sommet des sondages politiques, mais elle semble avoir permis au chef libéral d'améliorer son image, ce dont il avait grandement besoin.

A l'occasion d'une tournée effectuée la semaine dernière dans l'est de l'Ontario afin de vendre son «virage vert», M. Dion a fait face aux critiques d'agriculteurs et de camionneurs qui redoutent qu'une taxe sur les émissions carboniques du carburant diesel les mettent sur la paille, et ce, malgré les réductions d'impôts et avantages fiscaux que propose le dirigeant du PLC en guise de compensation.

M. Dion a également entendu les mises en garde lancées par certains libéraux, qui craignent de ne pas pouvoir rendre la proposition acceptable au yeux des électeurs.

Néanmoins, le chef libéral a été loué pour avoir eu le courage de risquer un débat sur la question de la lutte contre le changement climatique.

«Je souhaite vous remercier pour votre courage», a dit la conseillère municipale Bernadette Clement à M. Dion lors du passage de ce dernier à Cornwall, en Ontario, l'une des 17 villes et municipalités canadiennes jusqu'à présent visitées cet été par le chef libéral.

«Je soupçonne qu'il n'est pas facile de proposer des idées très nouvelles, des idées très audacieuses (...) Vous avez élevé le niveau de discussion dans ce pays», a-t-elle ajouté.

Après avoir été pendant 18 mois la cible des critiques incessantes des conservateurs, qui le disent mou et affirment qu'il n'a rien d'un chef, de telles louanges sont douces à l'oreille de M. Dion, qui peut maintenant se permettre le luxe d'attribuer au premier ministre Stephen Harper le rôle de poltron.

En entrevue, M. Dion a raconté avoir rencontré plus de 4000 Canadiens et accordé plus de 100 entrevues à des représentants des médias, ces cinq dernières semaines, lors desquelles il a engagé un débat ouvert, répondu aux questions et fait face à la critique.

«Je suis un politicien courageux. Je travaille sans filet», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

M. Dion a présenté le premier ministre Harper comme un politicien aux interventions soigneusement calculées, incapable de spontanéité avec les journalistes ou la population. Il a ajouté que M. Harper craignait de débattre avec lui de la question du virage vert, préférant «insulter l'intelligence» des électeurs avec des «mensonges» au sujet du projet libéral et un «langage vulgaire».