En liberté depuis peu, le publicitaire Jean Lafleur a déclaré faillite, mardi, comme son fils Éric l'a fait en mars 2007. Il avait été abondamment question des deux hommes lors des travaux de la commission Gomery sur le scandale des commandites.

En faisant faillite, Jean Lafleur laisse en plan Revenu Canada pour 181 000 $, Revenu Québec pour 174 000 $ et le Procureur général du Canada pour un total de 7,8 millions $.

En avril 2007, il était entré au pays pour se livrer à la police. Peu de temps auparavant, un mandat d'arrêt avait été émis contre lui. A son procès pour fraude, il avait plaidé coupable et été condamné à 42 mois de prison et à une amende de 1,5 million $. En janvier 2008, il passait de la prison à une maison de transition. Il a été remis en liberté tout récemment.

Dans son bilan, Lafleur, âgé de 67 ans, déclare un passif de près de 1,7 million $ pour un actif de 2013 $. On y apprend que la vente d'une propriété du Mont Echo, à Sutton, lui a rapporté en février 2005 la somme de 1,5 million $ déposée au Lichtenstein, par l'entremise de son avocat. Il explique que cet argent a servi à acheter des investissements en Chine, au Costa Rica, au Belize ainsi que des meubles et de vivre de mars 2005 à avril 2007 en Amérique centrale en plus de se payer un voyage en Europe.

Dans son bilan de failli, la raison fournie pour expliquer ses difficultés financières est sa «condamnation au criminel».

Sur l'amende de 1,5 million $, Jean Lafleur doit toujours 1,3 million $. Devant le tribunal, il avait reconnu avoir fabriqué 76 factures frauduleuses en gonflant ses émoluments ou en facturant pour du matériel jamais réalisé. De plus, le Procureur général du Canada lui réclame 6,5 millions $, réclamation qui fera l'objet d'un procès civil devant s'amorcer à l'automne 2008 et qui a trait aux sommes que lui aurait versées en trop le gouvernement fédéral dans le cadre du programme des commandites.

Le représentant du Procureur général du Canada dans ce dossier, Me Sylvain Lussier, a indiqué jeudi qu'il entendait faire des représentations auprès du Surintendant des faillites pour que la faillite de Jean Lafleur soit examinée de plus près.

Entre 1994 et 2000, l'ex-président de Lafleur Communication Marketing a reçu 65 millions $ du programme des commandites dont 36 millions $ en honoraires.

Lors des audiences de la commission Gomery, Jean Lafleur, premier témoin à Montréal, s'était signalé par son cynisme et son arrogance. A la plupart des questions posées, il répondait sur un ton monocorde que ses souvenirs étaient inexistants.

Pour sa part, son fils Éric s'est entendu à l'amiable avec le gouvernement fédéral en avril 2008 en s'engageant à lui verser 150 000 $ au cours des dix prochaines années, à raison de 15 000 $ par année. Au départ, le fédéral cherchait à récupérer plus de 2 millions $ qu'il lui aurait versés en trop dans le cadre du programme des commandites. Éric Lafleur était un sous-traitant de son père Jean à qui il fournissait, à gros prix, des articles promotionnels.