La demande de la Commission européenne d'interdire l'importation des peaux de phoques présente des «risques réels de dérapage», a estimé mercredi le ministre canadien des Pêches, Loyola Hearn.

«Nous voulons mettre les décideurs européens en garde: adopter ce décret général interdisant l'importation de produits dérivés d'une chasse responsable, durable et bien réglementée, présente des risques réels de dérapage», a déclaré M. Hearn dans un communiqué.

Bruxelles a demandé mercredi aux pays européens d'interdire l'importation des produits dérivés de phoques «mis à mort et écorchés dans des conditions de souffrance et de détresse» pour protester contre les «pratiques répugnantes» constatées au Canada et dans les autres pays pratiquant cette chasse.

«Le commerce des produits dérivés du phoque sera uniquement autorisé lorsqu'il sera démontré que les méthodes de chasse n'ont pas provoqué de douleurs ou de souffrances inutiles», a expliqué le commissaire européen à l'environnement Stavros Dimas.

La mesure européenne vise essentiellement le Canada, où les chasseurs ont été autorisés ce printemps à tuer 275.000 phoques sur la façade atlantique du pays, soit près du tiers des phoques abattus chaque année dans le monde.

Cette chasse commerciale, pratiquée au Canada à la carabine ou avec des gourdins appelés hakapiks, se fait toutefois «sans cruauté», a répété M. Hearn.

Dans un communiqué, la Fondation Brigitte Bardot a vivement réagi à ces déclarations: «Le 'dérapage' n'est pas de vouloir mettre un terme au massacre des phoques mais de prendre les citoyens européens pour des imbéciles au point de vouloir leur faire croire que cette chasse est non cruelle».

La demande de la Commission européenne prévoit par ailleurs une dérogation pour la chasse traditionnelle pratiquée par les Inuits en Sibérie, en Alaska (États-Unis), au Canada et au Groenland.

M. Hearn s'est dit «encouragé» par cette exception, mais estime encore «que toute interdiction d'une chasse pratiquée sans cruauté, comme c'est le cas de celle du Canada, est injustifiable».

«L'Union européenne n'a pas encore déterminé précisément ce qu'elle considère humain ou inhumain. C'est le travail qui doit être fait. Nous ne connaissons pas les normes que nous devrons observer», a dit pour sa part à l'AFP Phil Jenkins, porte-parole du ministère canadien des Pêches.

L'ambassadeur de l'Union européenne au Canada, Dorian Prince, a toutefois assuré sur une chaîne publique canadienne que la proposition européenne ne visait pas à «bannir la chasse» mais à mieux encadrer sa pratique.

Tout en jugeant «positive» la proposition européenne, une association de défense des animaux, l'IFAW, a pour sa part appelé à une interdiction totale, seule façon, selon elle, «de garantir que des produits de phoques tués de façon inhumaine ne continueront pas d'entrer dans l'UE».