Près de 23 millions de voyageurs ont réservé une croisière dans le monde en 2015. Ce nombre grimpera à 34 millions d'ici 2026, selon la Cruise Line International Association (CLIA). Le Canada serait également au sixième rang des consommateurs de croisières au monde.

C'est notamment avec de telles statistiques en tête que le président de Voyages Traditours, Sébastien Forest, a contacté en janvier 2015 Croisières Franco-Fun pour l'acquérir.

Il venait de reprendre, avec une douzaine d'investisseurs, l'entreprise québécoise de voyages organisés et de groupes à la suite du départ de son fondateur Jacques Rodier. «On avait déjà certaines offres fluviales, mais pas de gros bateaux de type paquebot, explique Sébastien Forest. Pour croître, on peut engager des gens sans avoir l'expertise ou aller vers un joueur existant.»

Grâce à cette acquisition, dont la transaction demeure privée et qui remonte au mois d'avril, Traditours augmente à 170 son nombre d'employés. Celle-ci permettra potentiellement une croissance du chiffre d'affaires de 15 à 20 %, selon le président. 

«On achète l'entreprise, mais pas pour la faire disparaître. On veut garder les gens, les faire grandir et faire croître notre entreprise.»

Les employés de Franco-Fun sont d'ailleurs demeurés dans leurs bureaux montréalais. 

À Québec, toutefois, on planifie un déménagement à l'automne pour réunir Traditours et Franco-Fun. «Pour l'instant, on garde les deux noms, car les deux marques ont une notoriété», dit Sébastien Forest, rencontré au siège social de Laval.

Une clientèle plus jeune

Traditours veut prendre de l'expansion dans un marché de 250 millions de dollars au Québec et qui accueille progressivement une clientèle de baby-boomers avides de découvertes. «Leur plan de retraite est de voyager, note Sébastien Forest. Il y a 30 ans, ils visitaient quatre pays. Ils sont plus ouverts aujourd'hui, notamment grâce à la démocratisation des prix des vols. Il y a toutefois encore de nombreux pays où les gens veulent être encadrés.»

Parallèlement, les croisières intéresseraient une clientèle qui rajeunit. L'âge moyen des croisiéristes est maintenant de 49 ans alors qu'il était de 65 ans en 1995, toujours selon la CLIA.

Cela dit, les propriétaires de Traditours ne sont pas «en mode urgence» d'acquisition. Et ce, même si le milieu tend à se consolider. «On réfléchit intelligemment, dit le président. La priorité est de bien faire vivre Traditours.»

Présent dans 60 pays, le grossiste lancera sous peu des excursions dans les pays baltes. «On développe en réagissant à la demande et en suivant l'actualité touristique, détaille Sébastien Forest. Car ça prend une qualité d'hôtels et de restauration minimale.» Traditours offre, par ailleurs, depuis un an et demi, des excursions de 14 jours, question d'intéresser les professionnels actifs.

La croissance moyenne du grossiste (qui ne vend pas en agence) se chiffre à au moins 10 % par an, selon la direction. «C'est bien sûr une industrie tributaire du géopolitique, note Sébastien Forest. Mais quand une destination est rendue trop risquée, on arrête de la vendre. On n'a pas le choix de réorienter nos offres. On lance sans cesse de nouveaux circuits. On en a maintenant une centaine grâce à l'acquisition de Franco-Fun.»