Le froid, la neige, les vêtements lourds, l'obligation de pelleter et la noirceur qui tombe à 16h. Devant nos longs hivers, rares sont ceux qui n'ont jamais cédé au séduisant appel du tout-inclus. Une formule qui est pourtant critiquée et entourée d'un certain mépris.

Sur le tarmac des aéroports du Québec l'hiver, les avions qui s'envolent vers les contrées chaudes sont remplis. Entre 2010 et 2013, ce sont près de 60% des voyages à l'étranger effectués par des Québécois qui ont été à destination des Caraïbes.

Malgré - ou en raison de - son succès, le tout-inclus est «devenu l'objet de la critique antitourisme et du mépris», écrivait récemment Alain A. Grenier, professeur au département d'études urbaines et touristiques de l'Université du Québec à Montréal.

«Les tout-inclus sont très dévalorisés parce qu'on méprise la masse, on méprise le commun des mortels, mais c'est souvent une forme de voyage pour les gens qui n'ont pas les moyens d'aller vers les voyages plus distinctifs», explique en entrevue le sociologue.

Affirmer qu'on va en vacances dans un tout-inclus à Cuba est presque devenu honteux, poursuit-il. Les critiques se trompent, croit-il, sur les intentions et les désirs des voyageurs.

«Ce qu'ils vont chercher, ce n'est pas la culture cubaine, mexicaine ou tunisienne: c'est le soleil, la chaleur. On dit souvent que le tourisme, c'est aller à la rencontre de l'autre. C'est peut-être ce que ça devrait être, mais ce n'est pas ce que le tourisme est devenu. Dans le monde actuel où l'on a des vies folles, le tout-inclus, c'est un espace dans l'année où on va se retrouver», dit Alain A. Grenier.

À qui profitent les vacances?

La tranquillité d'esprit et le besoin de soleil des uns vont se chercher dans le pays des autres. Le directeur général de l'organisme britannique Tourism Concern, qui se consacre à sensibiliser les voyageurs aux problèmes éthiques posés par le tourisme, rappelle que les pays hôtes ne sont pas ceux qui encaissent l'argent des voyageurs.

«Qui bénéficie le plus du modèle tout-inclus? C'est l'industrie, parce que tout l'argent revient à une seule entreprise. Le montant qui est insufflé dans l'économie locale est très faible», dit Mark Watson.

Des chiffres fournis par la Chaire de tourisme Transat de l'ESG UQAM le confirment. Pour un forfait pour 2 adultes et 1 enfant qu'on aurait payé 2500$ en agence de voyages, 1500$ iraient au transporteur aérien. L'agence de voyages empocherait une commission de 160$, tandis que la portion «terrestre», soit le montant remis à l'hôtelier, est de 730$. Les 110$ restants sont composés de frais généraux et de frais de réservation.

Le sociologue Alain A. Grenier croit que la formule du tout-inclus est à revoir, notamment sur le plan des conditions de travail des employés. «Il n'y a pas ce respect de la main-d'oeuvre, dit-il. Mais pour donner de meilleures conditions de vie aux travailleurs, il va fort probablement falloir augmenter le prix pour les clients. Je pense qu'il y a une question de responsabilité sociale et de valeurs.»