Besoin de changer de montagne? Les stations du Vermont peuvent être une destination intéressante, pour les skieurs de tous les niveaux. À condition d'avoir son passeport...

On a beau pester contre la frontière, reste que grâce aux douaniers américains et à leurs questions hallucinantes («Avez-vous déjà été condamné pour meurtre?» m'a demandé le dernier...) la moindre escapade de ski au Vermont prend des allures d'équipée internationale.

Les Vermontois ne la trouvent pas drôle eux non plus. Bien campée dans sa boutique dans Waitsfield, où elle peint toutes sortes de bibelots à la main, Gaelic McTigue ne décolère pas contre George W. Bush parce qu'il a imposé le passeport après les attentats du 11 septembre. «Il faut ouvrir la frontière avec le Canada, comme ça se fait en Europe. Pas la fermer», rugit-elle.

On se trouve ici à l'ombre de Sugarbush, une station de ski aux 111 pistes et 16 remonte-pentes. C'est «la» grosse station de la vallée. Les installations sont excellentes, on vient de Boston et de New York y passer de longs week-ends. Tout près, deux centres de ski de fond offrent un total de 80 km de pistes. Le chalet du plus important, Ole's, a des airs d'aéroport... parce que, justement, c'est un aéroport: l'été, les planeurs remplacent les skis dans la prairie devant!

On n'en est d'ailleurs pas à une surprise près dans ce coin de pays, où les distractions ne manquent pas. Waitsfield a par exemple, entre autres curiosités, son incontournable pont couvert et sa fabrique de verre. Et plusieurs de ses bâtiments nous rappellent ces villages miniatures que l'on trouve au pied des arbres de Noël.

L'été, des opéras sont joués dans la petite salle municipale. L'an dernier c'était Cosi Fan Tutte, avec des costumes loués à prix d'ami à l'Opéra de Montréal. À Warren, le village d'à côté, le vieux magasin général tient presque de la caricature. En face, The Pitcher Inn offre des chambres originales et d'un confort absolu. Mais qu'est-ce qu'une auberge membre des Relais et Châteaux vient donc faire là? Si vous n'êtes pas encore convaincus que ces Américains ne sont vraiment pas comme les autres, venez au défilé du 4 Juillet, toujours à Warren. Vous verrez comment les libres penseurs à la sauce Vermont y célèbrent leur fête nationale: démolition d'un Hummer en styromousse l'an dernier, slogans altermondialistes et écologistes, le tout, paraît-il, dans une bonne humeur communicative.

À quelques kilomètres de Sugarbush, un autre centre de ski, Mad River Glen, ne manque d'originalité lui non plus. Il s'agit en effet d'une coopérative qui doit son statut à son ancienne propriétaire, laquelle a toujours refusé de vendre à des promoteurs privés. L'endroit est tout de même ouvert au grand public, mais à un public averti: «Ski it if you can», dit sa devise.

Un brin prétentieux? Pas vraiment: les dénivellations sont importantes, et certaines pistes sont carrément casse-cou. Comme pour se démarquer encore plus, Mad River Glen interdit la planche à neige et vient de payer une petite fortune pour remettre à niveau son remonte-pente à chaise unique, devenu une sorte de monument dans la région.

Sugarbush et ses villages excentriques, Mad River Glen et ses tics, que peut-il bien rester pour Bolton Valley? Une éolienne, rien de moins! Cette station fut en effet la première au Vermont à utiliser le vent pour réduire sa consommation d'énergie. Les pales du monstre tournent lentement au haut de la montagne pendant que les remonte-pentes transportent des cohortes de jeunes skieurs.

Bolton Valley, située à une vingtaine de minutes au sud de Burlington, est en effet une station très familiale, axée sur l'apprentissage du ski alpin. Mais il ne faut surtout pas oublier ses 88 km de sentiers de ski de fond, dont une partie seulement est damée. Ceux essayés il y a 15 jours étaient magnifiques.

Bolton Valley est la plus abordable des trois stations, de sorte qu'il vous restera quelques dollars à dépenser au pub attenant - encore! - qui offre un nombre invraisemblable de bières pression locales... et de résidants du cru qui ne demandent pas mieux que de faire un brin de conversation. Surtout si on parle de politique!

Repères

Bolton Valley est à environ 2 heures de Montréal, compter une demi-heure de plus pour Sugarbush et Mad River Glen. C'est Sugarbush qui a la plus grande capacité d'hébergement et le plus grand choix de descentes.

Le billet pour une journée de week-end, pour un adulte, est de 64$ à Bolton Valley, de 66$ à Mad River Glen et de 88$ à Sugarbush.

Info: www.skivermont.com