Partir en croisière pour admirer des baleines n'est pas la seule raison d'aller à Tadoussac. Le village, tant aimé des touristes européens, est aussi le point de départ ou d'arrivée de l'un des beaux (et assez rares) sentiers de longue randonnée du Québec. Un safari de cétacés à pied? C'est aussi possible et terriblement impressionnant.

Il y a bien des façons d'arriver à Tadoussac. Par la route. Par le traversier. Mais aussi à pied, comme les Amérindiens ou les trappeurs le faisaient certainement à une autre époque. Le chemin moins fréquenté, et le plus exténuant, est probablement le plus beau.

Si la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) a multiplié les efforts, au cours des dernières années, pour rendre les sentiers de randonnée plus accessibles aux familles et attirer un plus large public, elle a néanmoins conservé quelques parcours de longue durée dans l'arrière-pays, dont celui du Fjord, qui permet d'atteindre Tadoussac en deux, trois ou quatre jours, pour un total de 41 km.

Or, ce trajet ne se distingue pas des autres seulement en termes de durée, mais aussi par le type de tracé, lequel ne suit pas la courbe habituelle - on grimpe un sommet, on le dévale -, mais décrit une succession de petites montées, descentes et plateaux le long de parois rocheuses qui surplombent le fjord du Saguenay.

Un parcours panoramique

Ce parcours s'effectue vers l'est comme vers l'ouest, mais l'arrivée à Tadoussac à pied, précédée de magnifiques panoramas sur le village et la baie, classée parmi les plus belles du monde, fait lourdement pencher la balance en faveur de l'axe oriental. Sans compter qu'il est plus encourageant, en fin de parcours, de distinguer le fil de son arrivée et de voir la civilisation (et la bière froide et le burger) se rapprocher à chaque pas.

Pour un circuit de deux jours vers Tadoussac, le départ est donné du stationnement de l'anse à Pierrot (d'autres points de départ, entre le centre de Baie-Sainte-Marguerite et Tadoussac, permettent de moduler le sentier selon ses envies). Pas de marche d'approche, on rentre dans le vif du sujet.

Le sentier louvoie entre les forêts de résineux tapissées d'épines et les caps rocheux recouverts de lichen et de sphaignes délicates. Il descend régulièrement effleurer le bord de l'eau, que le nez perçoit souvent bien avant l'oeil dans cet air chargé de relents salés. Des familles viennent profiter, à marée basse, de l'anse à la Passe-Pierre et de sa grande plage de sable fin, accessible en quelque deux heures de marche ou en kayak.

Certains choisissent de camper ici, sur des plateformes de bois, mais l'on peut aussi poursuivre jusqu'au refuge du Cap de la Boule si l'on veut partir un peu plus léger, sans tente ni matelas. Le chalet est entièrement fenêtré du côté du fjord (comme celui de l'anse Creuse), bordé d'une galerie où il fait si bon s'asseoir, le soir.

La récompense

La deuxième journée est plus courte, débutant par une bonne montée dans la forêt qui réveille les mollets fourbus la veille. En haut de l'anse à la Barque et de la pointe à la Croix, il faut suivre du regard les canots pneumatiques chargés de touristes venus chasser du regard les baleines: c'est le meilleur moyen d'en voir à son tour. Mais aussi, il suffit parfois de tendre l'oreille pour attraper le «pshiiiiit» du souffle d'un cétacé. On s'arrête, on scrute l'eau, et là, juste devant soi, c'est un petit rorqual qui se montre le bout du nez, une fois, puis une autre, encore et encore.

Ce n'est qu'après le sommet du mont Adéla-Lessard que l'on croisera les premiers randonneurs du voyage, évadés de Tadoussac pour la journée. Le silence des dernières heures laisse place petit à petit à une certaine animation, au ronronnement des camions sur la route pavée au loin. Les derniers mètres du sentier bordent le lac de l'anse à l'Eau. Tadoussac est si près, de là, qu'on peut marcher jusque dans la marina, s'attabler dans un restaurant et y commander à boire et à manger, tout près de l'endroit où le premier poste de traite du Québec a été installé en 1599. Quoiqu'un détour par une auberge pour se débarbouiller un peu n'est jamais une mauvaise idée, après pareil séjour dans la forêt...

La randonnée en bref

• Distance: 27,5 km sur 2 jours

• Dénivelé: jour 1: 751 m. Jour 2: 465 m.

• Chiens admis: non

• Lieu de départ: stationnement de l'anse à Pierrot, près de Sacré-Coeur

• Lieu d'arrivée: près de la station piscicole de Tadoussac, 115, rue du Bateau-Passeur

• Droit d'entrée: droits d'entrée en vigueur dans les parcs de la SEPAQ (7,50$ par jour par adulte).

• Site internet: www.sepaq.com/pq/sag

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Des familles viennent profiter, à marée basse, de l'anse à la Passe-Pierre et de sa grande plage de sable fin accessible en quelque deux heures de marche ou en kayak.

Nos bonnes adresses

Pour partir du bon pied

À défaut d'être au coeur de Tadoussac et en dépit d'une décoration plutôt quelconque, la Ferme 5 étoiles se révèle un excellent ami des randonneurs. On y propose un service de navette très pratique pour laisser sa voiture en fin ou en début de parcours et divers types d'hébergement à tarif raisonnable. La buanderie (payante) est aussi fort appréciée après la randonnée. Enfin, plusieurs activités pour les familles sont aussi offertes, dont la visite des animaux de la ferme ou ceux du refuge: on entend d'ailleurs hurler les loups à la tombée de la nuit...

465, route 172, Sacré-Coeur, 418 236-4551

www.ferme5etoiles.com

Pour faire des provisions

Tadoussac n'est pas particulièrement bien desservi en marchés d'alimentation, mais l'épicerie Côté a le mérite de s'être plutôt bien adaptée à la clientèle de campeurs et de randonneurs. Plusieurs articles en format mini, chasse-moustique, crème solaire et quelques produits de la région.

243, rue des Pionniers, Tadoussac, 418 235-4430

Pour les affamés

Vous êtes de ceux qui estiment qu'il n'y a rien de tel qu'un bon burger pour recharger ses batteries après une grande sortie en plein air? Le Pick up grillé en propose d'honnêtes sur sa terrasse ouverte sur la marina, de même que des grilled-cheese aux fromages de la région. Mention spéciale pour les chips maison.

139, rue du Bord-de-l'Eau, Tadoussac, 418 235-1420

Pour se payer la traite

Il n'y a probablement pas de meilleur moment pour aller chez Mathilde qu'après une longue randonnée, l'estomac dans les talons, histoire de faire honneur au menu de cette grande table de Tadoussac. On est séduit tant par les papilles - avec des plats qui font la part belle aux produits de la région, comme le saumon fumé servi avec des boutons de marguerite marinés cueillis tout près - que par l'esprit, bercé par la musique du pianiste et du contrebassiste en résidence tous les soirs de l'été. Un endroit pour lequel on accepterait de remarcher bien des kilomètres!

227, rue des Pionniers, Tadoussac, 418 235-4443

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE