Il reste encore de beaux jours avant de ranger l'équipement de camping. Et il reste aussi de beaux endroits où planter sa tente et se croire aux confins du monde. Le Parc naturel régional de Portneuf est de ceux-là.

C'est, à moins de trois heures de Montréal, un pays de grottes, de crevasses, de lacs, de forêts feuillues et bruissantes, au milieu d'une campagne ancienne, immobile, immuable presque. On traverse pour s'y rendre des champs d'avoine blondis, des villages endormis - Saint-Marc-des-Carrières, Saint-Casimir, Saint-Alban - aux vieilles maisons toutes tassées sur elles-mêmes.

Inauguré l'an dernier, le Parc naturel régional de Portneuf est encore un secret. Ne le dites à personne! On y trouve 35 places de camping rustique, presque sauvage, réparties dans quatre secteurs: 10 à la Falaise, 8 au lac Carillon, 15 à l'Anse-à-Beaulieu (au lac Long), 2 en bordure de la rivière Noire, en aval de la Falaise.

On accède au secteur de la Falaise par un chemin forestier bordé de grands arbres. Il faut laisser la voiture au bord du chemin et descendre l'équipement à pied - une petite marche d'au plus 200 m -, d'où l'intérêt de camper léger. Une dizaine d'emplacements pour tente sont disséminés en contrebas, près de l'eau dont le fracas emplit les oreilles et fait oublier les acouphènes.

La rivière Noire, qui prend sa source dans le lac Long et se jette dans la rivière Sainte-Anne (celle des petits poissons des chenaux), bouillonne et chuinte entre les blocs géants tombés de la falaise, vertigineuse et à pic, qu'affectionnent les grimpeurs.

Ici et là, le torrent a creusé des marmites au fond desquelles dort une eau sombre habitée de grenouilles, de patineuses en tutu noir, de tout un petit peuple invisible et frémissant. Un sentier moussu où de hauts thuyas jettent une ombre fraîche sillonne cette forêt de conte de fées.

Chaque place de camping est munie d'une plateforme de sable de 10 pieds sur 10, d'un trou à feu, d'une table et de toilettes sèches bien tenues (2 en tout pour les 10 emplacements de ce secteur).

Le reste, soit on l'apporte (le bois pour le feu, l'eau potable), soit il est fourni gracieusement par la nature - les étoiles, le hululement discret de la chouette au crépuscule, le rocher où lire au soleil, le poisson qui mord à l'hameçon, la baignade dans les remous des bassins. C'est le moment de décrocher: ici, le cellulaire ne se rend pas.

Le parc, inauguré l'an dernier, ne connaît pour l'instant qu'un succès confidentiel: 15% d'occupation cet été pour l'ensemble des 35 places, selon Sébastien Perreault, coordonnateur de la Corporation du Parc naturel régional de Portneuf. «Nous n'avons pas fait trop de publicité, nous voulons prendre le temps de bien nous implanter. Le parc a une superficie de 70 km2, il peut accueillir encore quelques places. À l'automne, on va en ajouter sept ou huit le long de la rivière Noire, en aval des premières. Nous comptons aussi ajouter deux prêts-à-camper, l'un dans le secteur du lac Long, l'autre au lac Carillon. Mais ce sera tout aussi rustique. Nous voulons que ça reste paisible et sauvage. C'est ce qu'aime notre clientèle.»

Mais chut ! Ne le dites à personne!

www.natureportneuf.com

Photo fournie par le Parc naturel régional de Portneuf

Photo fournie par le Parc naturel régional de Portneuf