Même si l'hiver est moins rude que d'autres, on peut marcher sur les lacs et les rivières gelés pour taquiner le poisson. Autour de Montréal, il est possible de pratiquer la pêche blanche à plusieurs endroits, comme au parc de la Rivière-des-Mille-Îles, à Laval. Les prises ne sont pas garanties, mais la bouffée d'air frais et le plaisir en famille, oui!

Arnaud, 8 ans, ne quitte pas des yeux le fil qui plonge dans l'eau, au milieu du trou percé dans la surface gelée de la rivière des Mille-Îles. Agenouillé près de sa canne à pêche, il est bien déterminé à attraper un beau poisson. «Je suis prêt à attendre deux jours s'il le faut, je suis très patient», lance le garçon, qui ne quittera son poste que pour aller chercher un chocolat chaud.

Il faut en effet une bonne dose de patience pour pratiquer la pêche blanche. Mais la perspective de rentrer à la maison avec une belle prise motive les petits pêcheurs, qui suivent avec empressement les directives des animateurs pour mettre toutes les chances de leur côté.

Par un bel après-midi de janvier, nous participons à l'activité Pêche en herbe, une initiation à la pêche sur la glace pour les enfants de 8 à 14 ans, offerte par le parc de la Rivière-des-Mille-Îles, à Laval. Une quinzaine d'enfants et leurs parents se pressent autour des animateurs pour tout apprendre de cet art hérité des Amérindiens.

Les espèces sous la glace

D'abord, on découvre les espèces qui pourraient mordre à l'hameçon sous la glace de la rivière: du brochet (qu'on surnomme le requin d'eau douce à cause de ses dents), de la perchaude et du doré jaune. On nous rassure au sujet de la sécurité de la surface gelée: elle a 30 cm d'épaisseur, assez pour soutenir un camion. Mais on apprend tout de même quoi faire au cas où la glace cèderait et que l'un d'entre nous se retrouverait à l'eau.

Une fois bien informés, on se rend sur la rivière, au village de pêche. Chaque enfant reçoit une brimbale  la canne à pêche spéciale pour pêcher sur la glace. Elle est composée d'un poteau de soutien et d'un balancier, auquel est accrochée la ligne, lestée d'un plomb et terminée par un hameçon. On nous montre comment faire tenir le balancier en équilibre, qu'on doit ensuite planter dans la glace au bord d'un trou  pas facile, mais il y a des trucs!

Deuxième étape: fixer l'appât  un mené vivant  à l'hameçon. Les enfants rigolent tandis que la petite bête gigote dans leurs mains. Ils retrouvent leur concentration pour réussir à fixer l'appât correctement, avant de mettre leur ligne à l'eau.

Ensuite, il faut attendre! Et c'est là que la patience devient utile. Parce que les poissons ne se précipitent pas pour mordre. Mes deux accompagnatrices passent le temps en s'amusant à glisser sur la glace, enlèvent les cristaux qui se forment dans leur trou, vont se réchauffer quelques minutes dans les petites cabanes colorées installées sur la glace ou près du foyer en plein air. On leur servira même du chocolat chaud.

Caméra sous-marine

Mais les lignes des participants restent désespérément immobiles. Pas l'ombre d'une nageoire en vue. On a beau agiter un peu nos hameçons, il ne se passe rien. Seul le jeune Arnaud aura une touche: il manque un morceau à son mené, mais le poisson qui l'a mordu ne s'est pas accroché à l'hameçon.

David, l'animateur, descend une caméra sous-marine dans l'un des trous pour tenter de voir s'il y a de l'action là-dessous. Sur un petit écran, on voit la ligne à pêche, le mené qui nage en rond, mais pas de spécimen intéressant dans les profondeurs glacées.

Ce n'est pas si grave: la pêche blanche, après tout, est un prétexte pour prendre l'air et jouer dehors. En plus, nous dit Laetitia, une autre animatrice, le brochet n'est pas le meilleur des poissons, parce qu'il a beaucoup d'arêtes. «Quand les poissons sont gros, donc plus vieux, on suggère de les remettre à l'eau, parce qu'ils peuvent avoir accumulé beaucoup de polluants dans leur organisme, poursuit-elle. Quand ils sont trop petits, ils n'ont pas fini leur croissance et il n'y a pas assez de chair à manger.»

Donc, mieux vaut avoir prévu autre chose pour le souper... Mais on ne sait jamais: ça pourrait mordre la prochaine fois! Les enfants qui ont participé à l'activité au parc de la Rivière-des-Mille-Îles sont maintenant équipés: ils repartent avec leur brimbale, un guide sur la pêche et un permis de pêche valide jusqu'à leurs 18 ans!