Entre les deux phares que sont Sommet Saint-Sauveur et Station Mont Tremblant, 11 stations de ski déroulent leurs blanches pentes dans les Laurentides. On vous en présente 5 (peu ou mal connues) où les familles sont reines. Aussi: un carnet d'adresses où s'arrêter avant ou après la journée.

Du ski à foison

La région des Laurentides est un véritable concentré de pistes à dévaler. Soixante-dix kilomètres à peine séparent Sommet Saint-Sauveur (versant Avila) et Station Mont Tremblant. Sur cette courte distance, on compte près d'une quinzaine de stations de ski, qui se succèdent avec régularité le long de la route 117.

Pour expliquer pareille abondance, il faut faire un retour dans le temps, jusqu'à la fin du XIXe siècle. « Le ski a commencé dans les Laurentides vers 1900 avec l'avènement de la voie ferrée du P'tit train du Nord qui reliait Sainte-Agathe-des-Monts et Montréal », explique Michel Allard, historien-conseil au Musée du ski des Laurentides. « La mécanisation des remontées dans les années 30 et l'ouverture hivernale en 1945 de la route 11 - l'ancienne 117 - ont aussi favorisé le développement du ski dans la région. »

À une certaine époque, rappelle M. Allard, chaque hôtel de Val-David ou de Sainte-Agathe-des-Monts avait son propre remonte-pente, souvent pour desservir une seule piste. « On en trouvait partout. On estime que plus de 220 stations ont été ouvertes depuis 1900 dans la région. » Aujourd'hui, on n'en compte plus que 13 dotées d'une remontée mécanique et ouvertes au grand public.

De ce nombre, la grande majorité se destine à une clientèle familiale. Ce qui ne signifie pas que les skieurs plus aguerris n'y trouveront pas leur compte, estime Guy Thibaudeau, chroniqueur de ski et de sports d'hiver depuis 50 ans, notamment à Radio-Canada.

« Dans ces petites stations locales et familiales, les conditions sont souvent plus belles, car le degré de pente est plus uniforme, les skieurs y font des virages moins durs et la neige est moins usée, car les stations sont moins fréquentées. »

C'est particulièrement vrai pour les stations qui n'offrent pas de ski de soirée ou, mieux, qui ferment leurs portes quelques jours par semaine. « On évite ainsi l'usure excessive de la neige et les premiers skieurs peuvent profiter d'une accumulation de plusieurs jours. »

Comme dans une forêt enchantée

C'est le cas du Centre de ski Vallée Bleue, à Val-David. Désormais fermée les mardis et mercredis (sauf durant la relâche scolaire), la station a accueilli plusieurs générations de skieurs depuis son ouverture en 1963. Du chalet d'inspiration alpine jusqu'à la remontée mécanique, tout a été érigé par John Lingat, père de l'actuel propriétaire. L'entrepreneur d'origine lituanienne a planté de ses mains la majorité des conifères qui bordent les pistes et qui confèrent aujourd'hui à la station son caractère distinct.

Ici, les pistes sont plus étroites qu'ailleurs et les épinettes protègent les pistes du vent, ce qui l'empêche de venir balayer la neige. Les skieurs sont aussi mieux protégés. Ainsi, on a l'impression de skier dans une forêt enchantée, ce qui n'est pas très loin de la vérité, puisque la station compte plusieurs sous-bois accessibles aux enfants, dont le sentier des Frimousses, qui comprend plusieurs personnages colorés accrochés aux arbres. Une piste longe aussi une ferme voisine et il n'est pas rare que les chevaux soient à l'extérieur pour regarder passer les skieurs... Charmant.

Des toutous au soleil

Dans le village voisin de Val-Morin, la station Belle Neige se distingue par les nombreuses expériences d'initiation offertes : ski et planche à neige (bien sûr), mais aussi télémark, boardercross et même fatbike. Ici aussi, les familles constituent la principale clientèle. À preuve : le célèbre sentier des toutous, de loin la piste favorite des tout-petits.

« Beaucoup de stations ont repris le concept, mais l'originale est née ici, il y a une trentaine d'années », explique Paul Gervais, directeur général de la station. Le sentier a été complètement renouvelé cet hiver et, à terme, Paul Gervais espère pouvoir accrocher dans le sentier et autour de la pente-école entre 2000 et 2500 peluches, dont plusieurs auront été données par les petits skieurs eux-mêmes.

Autre atout : l'orientation franc sud de la station, qui assure un maximum d'ensoleillement pendant la journée. « Ça change beaucoup l'expérience par temps froid, mais pas seulement. C'est toujours agréable de skier avec le visage au soleil », lance Guy Thibaudeau.

Il ajoute : « Les petites stations offrent un avantage par grand froid, car on passe moins de temps dans les remontées mécaniques et les descentes ne sont pas trop longues. Par contre, il y a aussi des désavantages : les petites stations présentent moins de dénivelé et moins de choix de pistes. On ne peut pas tout avoir... »

Du défi aussi

La station Mont Blanc est l'exception. Avec 43 pistes réparties sur 3 versants (dont un versant « soleil »), la station de Saint-Faustin-Lac-Carré offre une grande diversité de pistes.

Malgré son dénivelé de 208 m, assez comparable à celui de certaines des stations voisines, le tracé sinueux des pistes prolonge les descentes. Et les pentes abruptes sont plus nombreuses qu'ailleurs. « La station offre de plus grands défis que les stations intermédiaires des Laurentides, c'est pour cette raison que les skieurs viennent ici, explique le directeur général, Michel Lamothe. Mont Blanc, c'est l'étape juste avant d'aller skier au mont Tremblant. »

De jour comme de soir

Les Laurentides sont aussi reconnues pour leur grande offre de ski de soirée. Pas moins de sept stations éclairent une partie de leur domaine skiable. Dans le lot, Ski Mont-Habitant et Sommet Morin Heights.

Située à Saint-Sauveur, la première se distingue grâce à sa proximité du grand Montréal et à ses tarifs avantageux. Le dimanche soir, on peut skier jusqu'à 22 h pour 15 $. Huit des onze pistes sont éclairées et comme toutes les pistes convergent vers le chalet principal, les parents, mêmes non skieurs, peuvent garder leurs enfants à l'oeil. Les petits repassent tous, forcément, par la base...

À Sommet Morin Heights, la configuration en bol offre la même sécurité d'esprit : toutes les pistes aboutissent à l'immense pavillon principal. À savoir : le bar a été entièrement rénové cette année et les enfants y sont bienvenus.

L'autre avantage indéniable de cette station repose dans la grande variété d'activités offertes dans la forêt environnante. La station est en effet située en territoire boisé, loin de la route principale, ce qui lui vaut le surnom de « petit Vermont des Laurentides ».

Ainsi, du stationnement de la station, on peut accéder à un réseau de 150 km de sentiers de ski de fond et à 14 km de sentier de raquette. Pendant la relâche, le parcours d'hébertisme aérien Accro-Nature junior sera aussi ouvert, sur réservations, aux 6 à 12 ans. Et la salle de jeux, immense, est toujours ouverte pour accueillir les plus jeunes, de 18 mois à 5 ans...

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

La station Belle Neige à Val-David

Bien manger et bien boire

Avant ou après le ski, voici où s'arrêter pour se rassasier.

L'arrêt boulangerie...

D'aucuns diront que la boulangerie Merci la vie est un arrêt obligé pour quiconque passe par les Laurentides. Et ils ont pleinement raison ! Le boulanger Albert Elbilia prépare dans sa boutique de Prévost des pains à longue fermentation - entre 72 h et 160 h - qui éclipsent bien des traditionnels pains au levain : mie alvéolée, croûte souple couleur caramel, goût délicat... Ses brioches et biscuits gourmands sont aussi parfaits pour remettre de l'aplomb dans les jambes (et les estomacs) des skieurs fatigués. On peut aussi manger sur place soupe, tartine, pizza et muffuletta. Un coup de coeur.

Merci la vie !

2988, boulevard du Curé-Labelle, Prévost

... et l'arrêt boucherie

À Sainte-Adèle, Les Têtes de Cochon comble les amateurs de viande depuis bientôt cinq ans. Côté supérette, on peut se procurer une foule de produits de boucherie maison - cretons, rillettes, smoked-meat, bacon - faits sans nitrites ni agents de conservation. L'établissement possède deux fumoirs, un à chaud, un à froid, et en fait bon usage... Côté restaurant, on propose le midi burger gourmet, poutine gastronomique, salade au smoked-meat (oui, oui...). Le soir, le menu se raffine : boeuf vieilli sur place, boudin artisanal, tartare ou jarret de porc confit. À savoir : tout ici est biologique ou écoresponsable. Et tous les plats peuvent être servis en format mini, pour les petits.

Les Têtes de Cochon

15, rue Maurice-Aveline, Sainte-Adèle

Le divin burger

La microbrasserie Le Baril Roulant, à Val-David, s'est agrandie il y a deux ans et demi grâce à l'acquisition d'un restaurant et d'une auberge situés juste en face de la rivière du Nord. Si, au restaurant, les bières dégustées n'ont pas provoqué le coup de coeur espéré, la nourriture, elle, ne nous a pas laissés sur notre faim. Le burger de bison, avec sauce BBQ maison, est particulièrement réussi. Une mention pour le menu enfants, qui sort enfin des classiques croquettes de poulet et spaghetti bolognaise : miniburger de bison, croquettes végétariennes, pizza au canard effiloché... Le tout dégusté dans une ambiance décontractée, auprès du foyer. Pendant la relâche, le restaurant ouvre tous les jours de midi à 22 h.

Restaurant Le Baril Roulant

1430, rue de l'Académie, Val-David

Le brunch de l'ogre

Véritable institution des Laurentides (et de Val-David), le restaurant Au Petit Poucet sert depuis 1945 une cuisine traditionnelle québécoise, réconfortante comme un souvenir d'enfance : tourtière, jambon maison, ragoût de pattes... Les déjeuners costauds, servis toute la journée, ont aussi fait sa renommée. Un incendie a tout détruit il y a 10 ans, mais l'endroit a retrouvé son décor rustique, à mi-chemin entre la cabane à sucre et la pourvoirie, avec ses panaches au mur et son mobilier de bois. Un voyage dans le temps, où le sirop d'érable coule à flots.

Au Petit Poucet

1030, route 117, Val-David

Les crêpes de Catherine

Pendant 20 ans, Catherine et Lorraine Schmuck ont sustenté les skieurs au pied des pentes de Station Mont Tremblant. Depuis décembre 2014, les deux soeurs ont déménagé leur crêpière à Saint-Jovite, près du parc linéaire Le P'tit Train du Nord. Les crêpes sont restées fines, débordantes de garnitures pas forcément légères. À preuve : la spécialité de la maison, la Catherine Crunch, avec sucre à la crème, crème glacée, crème fouettée, banane et barre de chocolat émiettée... Décadent ? Et comment ! Mais on fait aussi dans le plus santé, pour bien clore (ou commencer) une journée sur les planches.

Crêperie Catherine

977, rue Labelle, Mont-Tremblant (secteur Saint-Jovite)

Flat white et d'autres cafés

Lui est un barista néo-zélandais (il a officié pendant trois ans chez Olive & Gourmando, dans le Vieux-Montréal) ; elle est une Québécoise passionnée de cuisine. Ensemble, Lewis White et Catherine Desforges ont ouvert, il y a neuf mois à peine, le café White et Cie, en plein coeur de Saint-Sauveur. Dans le local épuré, ils servent une cuisine santé (soupes, sandwichs, salades...) et quantité de boissons chaudes ou froides, dont le Flat White, une spécialité kiwi difficile à trouver ici : un latté plus concentré en café, sans mousse épaisse. Pour les enfants : des chocolats chauds, des grilled cheese... À savoir : plusieurs options végétaliennes, sans gluten ou sans lactose sont proposées.

Café White et Cie

31, avenue de la Gare, Saint-Sauveur