Les vacanciers québécois aiment autant parcourir les routes du Québec que se rendre aux États-Unis et sont peu enclins à visiter les autres provinces canadiennes. Voilà pour ceux qui partent en voyage... car ils sont fort nombreux à rester chez eux. Voici le portrait du vacancier québécois.

L'approche de la saison estivale rime souvent avec vacances, escapades, camping. Or, l'été prochain, près d'un Québécois sur deux ne fera pas de voyage. Et ceux qui, au contraire, projettent d'en faire seront aussi nombreux à visiter la Belle Province qu'à se rendre aux États-Unis, lieux de vacances que les Québécois affectionnent au détriment de l'Ontario, des Maritimes et de toutes les autres régions canadiennes.

Or, tous les Québécois ne voyagent pas pendant leurs vacances, loin de là. Si les voitures forment des files interminables aux postes frontaliers quand commencent les vacances de la construction ou que les terrains de camping sont pleins à craquer du 24 juin au 15 août, près de 57% des Québécois n'ont pas pris la route des vacances - un séjour de plus de trois nuitées - lors de la dernière année.

Les Québécois seront aussi nombreux à rester chez eux au cours de l'été qui vient. En effet, 51% d'entre eux n'ont pas l'intention de quitter la maison ou le chalet au cours des six prochains mois.

Ces constats ressortent d'un sondage Angus Reid, mené pour le compte de La Presse auprès de 1004 répondants. Des données qui n'étonnent pas Paul Arseneault, directeur du Réseau de veille de la chaire en tourisme Transat ESG-UQAM. «Pour voyager, ça prend les conditions socioéconomiques nécessaires, rappelle-t-il en évoquant les conditions économiques actuelles. Et il y a des gens pour qui vacances riment plutôt avec rénovations, cocooning, jardinage...»

En ce sens, les vacanciers québécois sont comparables à ceux de la majorité des pays occidentaux.

Populaires États-Unis

Chez les Québécois qui envisagent de partir pour un séjour de plus de trois nuitées au cours des six prochains mois, plus du tiers prévoit aller passer ses vacances chez l'Oncle Sam. Ainsi, environ 12% des voyageurs pensent se rendre en Nouvelle-Anglerre et près de 25% d'entre eux ont l'intention d'aller ailleurs aux États-Unis. Au total, 37% des Québécois qui partiront mettront le cap sur les États-Unis, soit un peu plus que les 36% de voyageurs qui se promèneront plutôt dans la province. Les vacanciers semblent bouder les destinations canadiennes comme l'Ontario, qui sera la destination de 11% d'entre eux et les Maritimes (8%).

Pourtant, depuis quelques années, la Société du Partenariat ontarien de marketing touristique (SPOMT) tente de courtiser les Québécois notamment avec une campagne publicitaire télévisée mettant en vedette la comédienne Chantal Fontaine. L'organisme est-il surpris ou déçu par les données du sondage? «À l'extérieur de l'Ontario, le Québec demeure le plus important marché intérieur, représentant 4% des visites, a répondu Luanne Walker, porte-parole de la SPOMT. Au cours des trois ou quatre dernières années, les efforts publicitaires de la SPOMT ont contribué à une sensibilisation accrue des Montréalais à l'Ontario.»

Pour Paul Arseneault, les différences culturelles avec le reste du Canada combinées à la proximité avec les États-Unis comptent sans doute parmi les raisons pouvant expliquer pourquoi les voyageurs d'ici sont peu portés à traverser dans la cour de leurs voisins ontariens. «Il y a un fossé culturel entre les deux provinces, mentionne M. Arseneault. Beaucoup de Québécois ont la perception qu'ils seront mal accueillis. Et l'Ontario ne s'est pas encore affirmé comme une destination de voyage d'agrément d'intérêt pour les Québécois. En fait, rappelle-t-il, en avion de Montréal, Toronto est à la même distance que New York. On s'entend sur le fait qu'on ne parle pas du même genre de ville...»

L'intérêt des Québécois pour la Grosse Pomme ou d'autres grandes villes américaines comme Boston ou Chicago joue dans la balance quand vient le temps de choisir une destination. M. Arseneault ajoute également que les six prochains mois coïncident avec la période estivale et la côte Est américaine est une destination de bord de mer prisée des habitants de la Belle Province.

Année après année

Et il y a fort à parier que beaucoup de voyageurs qui iront camper au parc Forillon, en Gaspésie, durant l'été ou qui se baladeront dans les rues de Manhattan décideront de répéter l'expérience l'an prochain. Près de 45% des gens interrogés disent en effet retourner souvent au même endroit en vacances, contre à peine 5% qui ne retournent jamais dans le même lieu. «Ce n'est pas étonnant dans la mesure où les gens font plusieurs séjours dans une même année, et donc souvent un même endroit sera visité de manière continue, par exemple aller camper annuellement au parc du Mont-Tremblant ou encore louer un cottage sur la côte est américaine, illustre Paul Arseneault. Cela ne signifie pas que les gens vont systématiquement au même endroit, mais bien que parmi la panoplie de séjours annuels, une destination pourra être visitée et revisitée sur une base plus soutenue.»

Autre fait intéressant révélé par l'enquête: le taux de détention d'un passeport. Si on a l'impression qu'une majorité de Québécois sortent des frontières du pays, la réalité est tout autre. Selon le sondage, 37% des répondants disent ne pas posséder de passeport valide. En plus, selon Paul Arseneault, le nombre de détenteurs est sans doute plus élevé qu'avant puisque les vacanciers qui traversent la frontière américaine par voie terrestre doivent désormais avoir un passeport en poche. En fin de compte, les Québécois ne sont pas plus nombreux que les Américains à détenir un passeport valide, précise Jaideep Mukerji, vice-président d'Opinion publique Angus Reid.

Quel était le budget du plus important voyage que vous avez fait au cours de la dernière année?

Entre 1000$ et 2000$

28% des voyageurs ont dépensé entre 1000$-2000$, 25 % entre 2000$-4000$ et 13 % ont déboursé plus de 4000$.

Avec qui voyagez-vous?

45% voyagent en couple, alors que 30% le font en famille.

Les Québécois sont-ils prévoyants?

Non

Seulement 10 % planifient leurs voyages de plaisance plus de six mois à l'avance, contre 39% qui le font entre un et trois mois avant le grand départ.

Partir... pour mieux revenir



40% voyagent entre trois et sept jours. Les voyageurs québécois préfèrent les courts séjours, mais 18% préfèrent les voyages de 14 jours ou plus.

L'été, la saison pour voyager



60% des Québécois voyagent l'été, contre 42% en hiver.

L'internet, indispensable !

78% des répondants utilisent l'internet dans la planification de leurs vacances.

Le sondage a été réalisé en ligne entre le 16 et le 20 mars 2012 auprès de 1004 Québécois. La marge d'erreur, qui mesure la variation de l'échantillonnage, est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Photo Bernard Brault La Presse

La région de Kamouraska dans le Bas-Saint-Laurent