Après avoir été longtemps un quartier oublié, Saint-Roch est redevenu l'un des coins les plus vivants de Québec, avec ses jolis bâtiments historiques, ses boutiques branchées et son ambiance festive. Petit tour du quartier.

Des esprits chagrins reprochent à Québec son homogénéité, sa radio X, son esprit provincial, son côté trop touristique, même sa beauté, que certains s'avisent de trouver trop apprêtée. Ceux-là sans doute feraient bien de se résigner: non seulement la «Vieille Capitale» est la ville la plus jolie du Québec, mais elle bouge, elle s'internationalise, elle grandit en sagesse et en beauté. Cela grâce à plusieurs initiatives aussi intelligentes qu'éclairées qui ont fait boule de neige, que l'on doit pour la plupart au maire Jean-Paul L'Allier. C'est le cas notamment dans le faubourg Saint-Roch, qui semble enfin émerger d'un long et dévastateur coma urbanistique commencé dans les années 60.

Les deux pôles entre lesquels s'étend ce quartier en pleine mutation illustrent avec éloquence sa dualité: à un bout, le lacis de béton de l'autoroute Dufferin-Montmorency, aux piliers couverts de fresques si épatantes qu'elles réussissent à rendre beau ce paysage d'apocalypse.

À l'autre extrémité, le cloître des augustines et l'Hôpital général de Québec, plus anciens bâtiments religieux au nord du Mexique, et l'émouvant petit cimetière où les soeurs ont enterré, sans distinction d'origine ou de religion, les soldats victimes de la guerre de Sept Ans (1756-1763) qu'elles n'ont pu sauver. C'est le seul cimetière de la guerre de Sept Ans au monde!

Entre les deux, un quadrillage de petites rues qui recèlent des trésors architecturaux où la main du spéculateur n'a pas encore mis le pied: jolies maisonnettes au toit normand, façades de brique peinte de couleurs pastel, fenêtres en encorbellement, vénérables demeures bourgeoises...

Dans la jolie rue Saint-Joseph, enfin débarrassée de la chape de plexiglas qui l'étouffait depuis 1974, les commerces bon marché côtoient des boutiques chic, la soupe populaire attire (presque) autant de monde que les concerts de L'Impérial, et les accents country qui émanent de la brasserie Le Tonneau font sans complexe concurrence à la musique techno des bars branchés.

Plusieurs locaux vides témoignent de la difficulté d'équilibrer l'offre et la demande, mais quelques institutions ont bravement survécu aux secousses du progrès. C'est le cas de la pharmacie Brunet, première du nom (fondée en 1855), qui a essaimé depuis dans tout le Québec; et de la maison J.-B. Laliberté (1867), où l'on trouve toujours des fourrures originales.

Entre patrimoine et modernité, il semble que le faubourg Saint-Roch veuille traverser le temps avec autant de succès...

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Info: nouvosaintroch.com