Au-delà de Tremblant, c'est un no man's land touristique. Sur la route 117, entre Rivière-Rouge et la réserve faunique La Vérendrye, les touristes se font rares, à l'exception des pêcheurs et des chasseurs.

Le Windigo, un centre de villégiature situé à Ferme-Neuve, à trois heures et demie de Montréal, veut convaincre les Montréalais de s'aventurer dans la région. Pour ce faire, les propriétaires ont organisé une série de conférences et d'ateliers qui s'étirent sur une année pour mettre en valeur les attraits naturels des lieux.

 

Pour faire passer le message, Le Windigo a pris les grands moyens. Les propriétaires de cet établissement ont nolisé un hydravion pour transporter des journalistes montréalais jusqu'au réservoir Baskatong pour une conférence de presse. En chemin, les journalistes ont pu savourer, du haut des airs, le spectacle saisissant des couleurs d'automne.

Quand nous sommes arrivés sur place, avec une heure de retard en raison du brouillard, toute la presse locale y était. Le sujet du rendez-vous: la série d'activités Nature et beauté sauvage au Windigo. Au cours de la prochaine année, des spécialistes animeront, dans le décor sauvage de ce centre de villégiature, des activités sur l'astronomie, l'ornithologie, le kayak, la randonnée pédestre et la raquette.

Gérard Gauthier, président de l'Association d'ornithologie des Hautes-Laurentides, s'occupera des randonnées ornithologiques. Dany Coulombe, instructeur de canoé d'eau vive et de kayak de mer, emmènera les participants en kayak sur le Baskatong. Aude-Élisabeth Saint-Pierre, de la Fédération québécoise de la marche, donnera des ateliers sur la randonnée.

Quelques détails restent à fixer dans la programmation, mais il s'agit d'une initiative ambitieuse. Jusqu'à tout récemment, les Hautes-Laurentides misaient uniquement sur la forêt pour faire tourner l'économie. Mais avec la crise forestière qui perdure, les gens du coin, dont la principale localité est Mont-Laurier, commencent à percevoir le tourisme comme le remède à leurs maux.

Le Windigo, un complexe touristique de luxe, incarne justement ce virage. Il propose du tourisme axé sur la nature, avec hébergement et gastronomie quatre étoiles. Drôle de hasard, Le Windigo appartient à une famille belge qui croit dur comme fer au potentiel touristique des Hautes-Laurentides.

En novembre 2007, Marc Mestdagh, propriétaire du Windigo, a quitté Charleroi, ville belge de 300 000 habitants pour s'établir à Mont-Laurier avec sa femme et ses trois enfants. «Je poursuis le rêve de mon père, Henri, qui est tombé littéralement amoureux des Hautes-Laurentides dans les années 90», raconte-t-il. L'objectif du paternel: y vivre sa retraite.

En 1999, avec des partenaires québécois, Henri Mestdagh voulait créer un complexe de villégiature de 250 millions de dollars comprenant 150 chalets et une auberge de 50 chambres. Sauf que, 10 ans plus tard, Le Windigo ne compte que 20 chalets, 20 appartements, un restaurant et un petit centre récréotouristique. Exit le petit Tremblant du Nord, le projet a subi une cure minceur.

«On a recentré notre produit sur notre force, c'est-à-dire l'aspect naturel et sauvage des lieux. Dans la région, on fait figure de pionniers. Nous sommes simplement cinq ans en avance sur la tendance», explique Marc Mestdagh.

Avec les conférences-nature, Marc Mestdagh veut faire la preuve que l'écotourisme peut prospérer dans les Hautes-Laurentides. C'est un pari risqué, mais ce Belge est convaincu que, quand les gens se déplaceront jusqu'à la baie Windigo, ils ne voudront qu'une chose: y revenir. Comme l'a fait son père.

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www.lewindigo.com