Vanessa Bell a acquis Charleston en 1916. Étrangement, c'est Leonard Woolf, le mari de Virginia, qui a repéré la maison et réussi à y intéresser sa belle-soeur. D'abord une fermette, la maison du trio que formait Vanessa Bell avec son mari Clive et leur amant Duncan Grant est rapidement devenue un véritable atelier où tissus, meubles, céramiques, porcelaines et murs ont été peints sans réserve dans un style aussi peu conventionnel que leur mode de vie.

Charleston était le lieu de rencontre des artistes et intellectuels du Bloomsbury Group; des invités allaient et venaient au milieu des enfants de Vanessa, heureux de ce désordre où les règles n'existaient pas. L'endroit paraissait particulièrement chaleureux aux yeux de Virginia, qui le décrit dans son journal comme «un éclat stupéfiant au coeur des ténèbres» (Journal intime, 10 novembre 1920).

Perdu au milieu des champs, Charleston est constitué d'une série de bâtiments dont le centre est évidemment la maison. Les pièces y sont petites, souvent sombres en raison de la décoration chargée, les plafonds sont bas et les parquets peints craquent sous les pas. De l'enfance de Vanessa et de Virginia à Hyde Park Gate, un seul objet se trouve aujourd'hui à Charleston: la coiffeuse de leur mère.

Attaché à la maison, l'atelier conserve aujourd'hui des oeuvres de Bell et Grant, mais aussi leurs outils de travail. Tout autour, les jardins exubérants respectent l'esprit de la maison. Dans un bâtiment voisin, la boutique permet d'acquérir des reproductions de tissus peints par Duncan Grant, des céramiques, des bijoux et des porcelaines des ateliers de Bell, ainsi que de nombreux livres.