L'oeuvre de Christo sur le lac italien d'Iseo est victime de son succès: en moins de cinq jours, elle a déjà accueilli 270 000 visiteurs, entraînant son usure prématurée, ce qui conduit les autorités à réfléchir à une fermeture nocturne des passerelles.

Célèbre pour ses oeuvres monumentales, l'artiste a dessiné sur le lac quelque trois kilomètres de pontons flottants (The Floating Piers) recouverts d'un tissu jaune-dahlia.

L'oeuvre, ouverte au public depuis samedi, devait être accessible de jour comme de nuit jusqu'au 3 juillet mais l'incroyable afflux de visiteurs pourrait changer la donne.

«Nous sommes en train d'étudier, également à la demande de l'organisation, une fermeture permanente la nuit, au moins de minuit à six heures», a déclaré le préfet de Brescia, Valerio Valente, sur Radio 24.

«Cela, parce que d'une part, l'oeuvre est en train de s'user plus rapidement que prévu: 270 000 spectateurs ont produit une usure de l'oeuvre qui est équivalente à la moitié de ce que l'artiste avait imaginé à la moitié de l'exposition. Cela rend donc nécessaire une intervention avec un raccommodage ou un remplacement de la toile à certains endroits», a-t-il expliqué.

«De l'autre, parce que le maire de Monte Isola a des exigences en terme de santé publique, de nettoyage de l'île, qui ne sont pas assurées avec la visite constante de milliers de personnes», a ajouté le préfet.

Pour assurer leur maintenance, les passerelles, faites de 200 000 cubes de polyéthylène reliés entre eux par 200 000 vis géantes, seront ainsi déjà fermées de jeudi minuit (avec un accès bloqué dès 22h) à vendredi 7h30.

La nuit de mardi à mercredi, l'oeuvre a été déjà partiellement fermée, entre deux îles reliées par les passerelles pour permettre l'entretien du tissu.

Les organisateurs tablaient sur quelque 500 000 visiteurs durant les 16 jours de l'exposition, avec une moyenne de 25 000 par jour la semaine et de 40 000 le week-end.



Poste médical


Mais les passerelles du lac d'Iseo, cerné de montagnes verdoyantes dans une région habituellement paisible, ont été prises d'assaut par le public, Italiens comme touristes du monde entier, souhaitant vivre l'étonnante expérience de marcher sur l'eau.

Dès le début d'après-midi samedi, la limite de 11 000 personnes sur les passerelles avait été atteinte et la queue s'était allongée devant l'entrée, sous un soleil de plomb.

Les passerelles ont ensuite été soumises à la pluie et au vent, obligeant les organisateurs à ordonner en début de soirée samedi l'évacuation jusqu'au lendemain des pontons devenus trop instables.

Le soleil est de nouveau de la fête depuis lundi, et avec la foule, les interventions pour des malaises ou autres problèmes de santé se sont multipliés.

Mardi, un poste médical avancé a été mis en place. L'agence régionale des urgences a indiqué qu'à la mi-journée une centaine d'interventions avaient déjà été menées mercredi, contre 129 la veille.

Au total depuis samedi, 30 personnes ont dû être hospitalisées, selon la même source, citée par l'agence Agi.

Concernant la gestion des milliers de visiteurs, le préfet de Brescia s'est dit plutôt satisfait: «le bilan de ces quatre jours est positif du point de vue de l'organisation, parce qu'au-delà des attentes, le système a fonctionné».

Pour éviter une concentration ingérable sur les passerelles, 3000 personnes ont été bloquées à la gare de Brescia mercredi matin.

À l'image d'une plage, les passerelles n'ont pas de rambardes et personne ne porte de gilet de sauvetage. Mais la sécurité est assurée en permanence par 150 personnes sur les passerelles et 30 maîtres-nageurs sauveteurs autour.

Comme pour chaque oeuvre de Christo, qui avait notamment emballé le Pont-Neuf à Paris ou le Reichstag à Berlin, la visite est gratuite.