Dans la vallée de l'Isère, adossée au massif du Vercors, les noyers s'égrènent à perte de vue. Entre Grenoble et Valence, dans la région du Grésivaudan, on se trouve au «pays de la noix de Grenoble», région bucolique où l'on peut se balader du printemps à l'automne - et même l'hiver -, pour parcourir la route de cette noix.

Cultivée depuis le XIXe siècle, la noix de Grenoble est estampillée «appellation d'origine contrôlée» en France depuis 1938, caractéristique à laquelle les producteurs tiennent mordicus et qui la distingue de la «noix commune», chinoise ou américaine, vendue notamment au Québec.

Le Grand Séchoir

Un premier arrêt s'impose à Vinay, capitale de la noix de Grenoble, et surtout au Grand Séchoir, au coeur d'un grand parc de noyers. Le bâtiment moderne du musée a l'allure d'un séchoir à noix traditionnel, avec une belle charpente et des structures de claies ajourées, comme celles sur lesquelles on fait toujours sécher les noix dans le pays. L'exposition permanente permet d'en apprendre long sur l'histoire des débuts de la «domestication» de la noix à l'époque gallo-romaine, puis sur l'évolution de la nuciculture et du greffage permettant d'avoir de plus beaux fruits. Des outils et différentes utilisations de la noix et du bois de noyer sont présentés, de même que de belles maquettes de séchoirs. L'exposition temporaire fait la part belle quant à elle à la «reine des desserts et des confiseries», tant traditionnels (comme le gâteau aux noix, dessert emblématique de Grenoble) que plus contemporains (confitures, chocolats).

Même les enfants y trouvent leur compte, avec notamment un parcours de sculptures qui évoquent la petite Poucette du conte d'Andersen, endormie dans sa coquille de noix. Après un tour à la boutique qui propose une impressionnante variété de gourmandises à base de noix, on reprend la route.

Entre vergers et villages

Les vergers sont nombreux, avec leurs plantations de hauts noyers bien alignés qui fleurissent au printemps, font leurs fruits l'été et attendent l'heure de la récolte d'automne. 

Environ 900 producteurs travaillent sur des propriétés qu'on peut parfois visiter. Une vingtaine d'entre eux offrent la vente de noix et produits dérivés à la ferme. S'arrêter chez eux donne l'occasion de discuter avec de vrais artisans, en plus de pouvoir rapporter quelques cadeaux. À Saint-Romans, Nicolas Idelon perpétue ainsi la tradition familiale de production à la Ferme de Férie. Il organise aussi des visites guidées sur rendez-vous, pour suivre le parcours de la noix, de sa récolte au séchage, puis à la transformation, avec de nombreux produits qu'il a développés et qu'il vend dans une jolie cave à vins transformée en boutique. Au passage, on apprend à distinguer les trois variétés de noix de Grenoble: la Franquette à forme allongée et pointue, qui occupe 90 % de la production française, la Mayette, plus grosse, ambrée, plate à la base, au goût fin, la Parisienne, plutôt oblongue, à saveur aromatique.

Séchoirs et moulins à noix

Au hasard des petits villages, sur les chemins de traverse, apparaissent de beaux séchoirs à noix traditionnels, construits en hauteur, ouverts aux quatre vents, avec étages de lattes de bois à claire-voie pour protéger la récolte du soleil et de la pluie pendant le séchage. Celui de Cognin-les-Gorges est classé monument historique, mais bien d'autres sont visibles de la route, par exemple à Royon et Saint-Gervais. Plusieurs moulins à huile de noix traditionnels, dont ceux de Chatte et Saint-Siméon-de-Bressieux, sont aussi bien conservés. Le Grand Séchoir travaille en ce moment à concevoir une application mobile qui permettra de se rendre facilement de l'un à l'autre.

PHOTO ANNE PÉLOUAS, COLLABORATION SPÉCIALE

À la Ferme de Férie, à Saint-Romans, il est possible de se procurer de nombreux produits élaborés à base de noix.

En soirée, pourquoi ne pas dormir carrément dans un ancien séchoir à noix? Sur les hauteurs de Vinay, surplombant les noyeraies, la Maison aux bambous propose trois chambres d'hôtes en location, dont une construite dans l'ancien séchoir de la propriété.

À Grenoble, entre bière et macarons 

Arrivés à Grenoble, on file prendre une bière à la Brasserie Mandrin. Vincent Gachet a quitté l'informatique pour lancer sa propre microbrasserie. Ce passionné de bières en a toute une gamme à son actif, mais sa première est à la noix et c'est toujours la plus vendue! «Il faut un kilo de noix pour produire un litre de bière», explique-t-il, ajoutant que celle-ci se marie bien avec du jambon sec, une terrine forestière, une tourte, voire des fromages locaux, comme le Beaufort, le bleu du Vercors ou le Saint-Marcellin. 

La pâtisserie-chocolaterie Thierry Court, qui a pignon sur rue au centre-ville, offre pour sa part plusieurs déclinaisons de chocolats aux noix. Le maître chocolatier, également pâtissier, revisite des produits traditionnels, tout en proposant des macarons, dont l'un aux noix (et à la chartreuse, liqueur locale) qui fait aussi fureur. Thierry propose aussi un atelier hebdomadaire de macarons. Belle idée: acheter un ensemble à macarons, pour les faire soi-même à la maison...

PHOTO ANNE PÉLOUAS, COLLABORATION SPÉCIALE

La pâtisserie-chocolaterie Thierry Court, qui a pignon sur rue au centre-ville de Grenoble, revisite des produits traditionnels, tout en proposant des macarons, dont l'un aux noix.