Le musée de l'histoire de l'immigration, inauguré lundi par François Hollande, aura dû attendre sept ans pour bénéficier d'une cérémonie officielle, un retard symbolique de sa genèse mouvementée.

, un bâtiment construit pour l'exposition coloniale de 1931, le musée reflète d'emblée le paradoxe et la difficulté du projet. Le bâtiment «a une histoire chargée», reconnaît le directeur général du musée Luc Gruson.

Mais le choix a été fait de s'inscrire dans cette histoire au lieu de la dissimuler, pour mieux souligner le chemin parcouru, ajoute-t-il.

«Le projet du musée est de faire connaître la place des migrants dans la construction de la France», martèle-t-il, en soulignant l'importance «d'inscrire dans le patrimoine, dans la légitimité, l'histoire des étrangers».

Dans les années 1960, André Malraux avait souhaité faire du bâtiment un musée de l'Afrique et de l'Océanie. Mais le projet, sous sa forme actuelle, ne prend forme que dans les années 1990, pour souligner les apports des migrants à la société française. Porté par le socialiste Lionel Jospin, quand il était premier ministre, il avait été inscrit dans le programme du candidat Jacques Chirac en 2002.

La Cité nationale de l'Histoire de l'immigration n'avait finalement ouvert qu'après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence (2007), en pleine polémique autour d'un projet de loi sur la maîtrise des flux migratoires.

Des universitaires avaient démissionné des instances de la Cité et, en 2009, le ministre de l'Immigration Eric Besson, transfuge de la gauche dans un gouvernement de droite, y avait été chahuté, notamment par de jeunes chercheurs. En 2010, l'occupation par des centaines de sans-papiers avait achevé de brouiller son image.

Espérant tourner avec cette inauguration la page des polémiques, le musée ambitionne de faire partie des «classiques» des circuits culturels, à côté des autres grands musées parisiens - à l'image de ce qu'a pu être l'île d'Ellis Island aux États-Unis.

À côté d'une médiathèque, il propose une exposition permanente, qui a rouvert en septembre sous le nom de Repères, avec un parcours rendant compte de l'histoire de l'immigration en France aux XIXe et XXe siècles.

Temps fort de la visite, la «galerie des dons» présente des objets donnés par des parents ou grands-parents de migrants ayant fait la France actuelle. On y voit ainsi les bottes de Lazare Ponticelli, le dernier poilu de France, la truelle du père de l'écrivain François Cavanna ou encore l'étole en cachemire de la grand-mère de la metteuse en scène Macha Makeïeff.

Jusqu'au 31 mai, l'exposition Fashion Mix célèbre par ailleurs l'apport des créateurs étrangers à la mode de la capitale, de Balenciaga à Azzedine Alaïa.

Information: www.histoire-immigration.fr