Du cimetière américain de Colleville-sur-mer à celui, allemand, de La Cambe, les touristes commencent à affluer, même sous la pluie, à une semaine du 70e anniversaire du Débarquement de 1944 en Normandie, une région française riche en sites historiques qui espère les attirer durablement.

«Nous, on se fait notre 70e anniversaire avant l'arrivée de tous les présidents, tant que les sites sont facilement accessibles. Le 6 juin, on sera partis», explique Tom, qui vient de visiter le cimetière américain de Colleville-sur-mer avec sept amis «quinquas», dont des «hommes politiques» ou anciens gradés américains, en vacances, tous équipés d'une casquette estampillée «70e» et bannière étoilée. Le petit groupe s'est organisé un périple normand à vélo.

Le cimetière américain et ses 9300 croix blanches surplombant Omaha Beach, l'une des plages les plus célèbres du débarquement, est le site d'histoire le plus visité de Normandie avec 1,25 million de visiteurs, dont 375.000 Américains en 2013.

Selon Philippe Gay, directeur du Comité départemental du tourisme du Calvados, «on constate une hausse assez significative de la fréquentation des sites (d'histoire) depuis les vacances de Pâques». Mais le gros de la fréquentation est attendu la semaine prochaine.

Au Mémorial de Caen, on affiche une hausse de 20% de la fréquentation sur les cinq premiers mois de 2014 par rapport à ceux de 2013.

Au musée Airborne de Sainte-Mère-Eglise (Manche), la progression a été de 34% en avril 2014 par rapport à avril 2013.

En cette fin de matinée, à une dizaine de jours des commémorations, ils sont quelques centaines, touristes américains, britanniques, français, belges, néerlandais, ou collégiens français, à se promener sous la pluie sur la vaste et paisible pelouse du cimetière de Colleville, où des ouvriers s'affairent en vue des commémorations.

Lieux de mémoire

«Dans 10 jours, on ne pourra accoster nulle part», pense aussi Pierre, 75 ans, pêcheur à la retraite, venus de Dieppe. Sans les Américains, «on aurait peut-être encore la croix gammée au bras», dit-il.

Frank et Joan Kay, du Sussex ont fait le même raisonnement. «Nous tenions à être ici (au cimetière) avant que ne soient requis tous ces laissez-passer», explique le couple de retraités anglais.

Alan et Karen Parelius, 75 et 77 ans, eux, sont venus du Michigan parce que Colleville est une étape prévue par leur tour opérateur et «parce que nous avons du respect pour ce que des gens ont fait pour en aider d'autres».

Julie Ouslati, 27 ans, se promène en pensant à ses grands-parents qui ont vécu la guerre. «C'est important, mais de là à revenir régulièrement... C'est un peu éprouvant comme vacances quand même», dit la jeune Parisienne.

Avec le 70e anniversaire, la région espère convaincre les jeunes de prendre le relais des témoins de l'époque de moins en moins nombreux au fil des ans.

À 20 km de là, les touristes sont également de retour, discrètement, parmi les 21 200 plaques ou croix de granite du cimetière allemand de La Cambe (125 000 visites en 2012). «Sites américains, britanniques ou allemands nous voulons tout voir. Ce qui est important c'est la paix», soulignent Kees et Anneke Brand, deux Néerlandais âgés de 65 et 68 ans. Eux sont là depuis une semaine et pour deux autres encore, mais ils n'ont pas trouvé de camping à moins de 100 km de là pour la semaine du 6 juin.

Près de 8 millions de personnes sont attendues, en Normandie essentiellement, de juin à septembre pour les quelque 400 manifestations prévues.

Région la plus riche de France en sites liés à l'Histoire, la Normandie a attiré près de 5 millions de visiteurs en 2012 sur ses lieux de mémoire, dont 40% d'étrangers.