Domrémy-la-Pucelle espère que les célébrations du 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc, qui s'ouvrent vendredi pour un an, apporteront un regain d'intérêt touristique sur le village vosgien où est née cette figure emblématique de l'histoire de France.

Mal connue, la petite commune d'à peine 200 âmes a déjà entamé des travaux de revalorisation des alentours de la maison sur les bords de la Meuse où est née la Pucelle en 1412, un 6 janvier selon la légende.

«Même lorsque la maison est fermée, il y a toujours du flux. Les visiteurs, français ou étrangers, dont beaucoup de Japonais, sont fascinés par Jeanne: c'est une héroïne qui n'appartient à personne et à tout le monde», résume Damien Parmentier, directeur général au conseil général des Vosges.

La modeste maison paysanne accueille aujourd'hui 40 000 à 60 000 visiteurs par an. Actuellement dénuée de meubles, elle sera bientôt agrémentée de vidéos projetées sur les murs. «Il était important que les choses soient faites ici: même si nous ne pouvons pas rivaliser avec Orléans ou Rouen, c'est bien l'anniversaire de sa naissance à Domrémy que nous célébrons», souligne M. Parmentier.

Le village mise surtout sur l'organisation d'un colloque en mai, qui doit réunir une trentaine de chercheurs français et étrangers pour retracer l'enfance et la jeunesse de Jeanne d'Arc en Lorraine.

«Domrémy, comme les autres «villes johanniques» où est passée Jeanne d'Arc, est garant de la vérité historique. C'est essentiel, à une époque où l'on déforme sans cesse l'histoire», explique le maire, Daniel Coince, qui déplore «les multiples inventions» autour de l'héroïne.

«Nous voulons protéger l'image de Jeanne, y compris face aux tentatives de récupérations politiques», ajoute-t-il, rappelant que Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret et Bruno Gollnisch sont les seules personnalités politiques à s'être rendues à Domrémy ces dernières années.

L'abbé Michel Lambert, à la tête de la basilique Jeanne-d'Arc sur les hauteurs du bourg, attend également de cette année johannique «qu'on mette les choses au clair, à propos de la jeune femme comme de la sainte, condition pour que les choses aient du sens».

L'édifice religieux, dont la construction s'est étalée sur plus de 40 ans à partir de 1881, renferme d'impressionnants tableaux, mosaïques et sculptures, que viennent contempler 200 000 visiteurs par an.

«Si l'anniversaire peut faire venir encore plus du monde, c'est très bien. Mais j'aimerais que les gens cessent de venir au pas de course et qu'ils s'interrogent davantage sur ce que représente Jeanne d'Arc», demande l'abbé. Selon lui, la Pucelle est l'un des rares personnages de l'histoire de France à être revendiquée à la fois par l'Église, les républicains ou les royalistes.

Héroïne aussi patriote que pieuse, Jeanne d'Arc s'est également imposée comme une inlassable source d'inspiration pour les artistes comme pour les publicitaires: à Domrémy, un couple de passionnés depuis 40 ans tient un musée de 1400 pièces à sa gloire, des bas-reliefs aux boîtes de camembert.

Véritable panorama de l'imagerie populaire autour de la sainte, le musée connaîtra sa consécration cette année: la collection, rachetée par le conseil général des Vosges, déménagera à une centaine de mètres, au Centre johannique de Domrémy.

C'est «l'un des événements qui marqueront l'anniversaire», selon Daniel Coince, qui a également prévu des dizaines d'expositions et de spectacles consacrés à Jeanne en 2012.