L'an dernier, 950 000 Canadiens ont visité la France, ce qui représentait une hausse de 33% par rapport à 2005. «Et tout indique que nous connaîtrons une excellente année au chapitre des arrivées en 2010», a observé Caroline Putnocki, directrice pour le Canada d'Atout France (nouveau nom de la Maison de la France).

«Les indicateurs sont plus qu'encourageants. Avec un euro à 1,37$ actuellement, les Canadiens bénéficient dans l'Hexagone d'une hausse de leur pouvoir d'achat de 17% comparativement à l'an dernier. Et le taux de départ des Canadiens à l'étranger a enregistré une hausse de 41% dans les cinq dernières années.»

 

De passage à Montréal à l'occasion de Destination France, manifestation destinée à informer les agents de voyages et les grossistes des nouveautés, Nicolas Barret, directeur adjoint du Comité régional du tourisme de Paris-Île-de-France, a énuméré quelques chiffres évocateurs du comportement des visiteurs canadiens qui séjournent dans la capitale.

En 2009, 9 Canadiens sur 10 y sont venus pour des motifs personnels et non par affaires: c'est 17% de plus que la moyenne des visiteurs étrangers, toutes origines confondues. Leur âge moyen était de 39 ans et 40% d'entre eux appartenaient à une catégorie professionnelle qui leur vaut des revenus supérieurs à la moyenne. La moitié (49,3%) sont restés cantonnés à la région parisienne où ils ont séjourné cinq jours et dépensé quotidiennement 158, en moyenne. À peine le quart (26,4%) ont eu recours à un agent de voyages pour faire leurs réservations, alors que 51% avaient réservé directement sur l'internet.

Est-ce parce qu'ils y ont leurs habitudes (34,3% y étaient déjà venus au cours des cinq dernières années) que les Canadiens qui se cantonnent à Paris sont plus enclins à se passer du concours des agents de voyages? Car, toutes destinations françaises confondues, l'agence de voyages reste malgré tout le principal portail de réservation des Canadiens qui partent en France (51%).

Après la région Paris-Île-de-France, qui est la plus visitée (424 000 Canadiens l'an dernier pour un total de 2,4 millions de nuitées hôtelières), Atout France prévoit que, cette année, nos compatriotes iront surtout en PACA (région Provence-Alpes-Côte d'Azur), en Normandie (siège du plus grand rendez-vous culturel de l'année en France: le festival Normandie impressionniste), en Aquitaine et dans le Centre-Val de Loire.

Ce qu'ils y feront? «La crise économique a engendré de nouveaux comportements qui sont là pour durer, estime Caroline Putnocki. Ce sont la recherche des bons prix, la tendance à réserver de plus en plus tard et le souci de vivre une expérience et un enrichissement personnels.»

Ils font de plus en plus de «tourisme urbain». À ce propos, on signalera la publication, par la région Paris-Île-de-France, en collaboration avec Lonely Planet, d'un petit guide Les nouvelles adresses des Parisiens, signalant les endroits fréquentés par les habitants de la capitale. Une façon de «vivre une expérience» différente de celle qui consiste à arpenter continuellement les sentiers battus touristiques (on peut le consulter en ligne à l'adresse www.nouveau-paris-idf.com). Sinon, les champs d'intérêts de nos compatriotes sont le tandem vin-gastronomie, puis, dans des proportions similaires, le magasinage, la randonnée et le cyclotourisme. Depuis trois ans, ils fréquenteraient même les plages de l'Hexagone.

Paris branché

Pour garder sa place de première destination touristique mondiale et de première destination d'outre-mer pour les Québécois, la France est confrontée à un défi: elle doit renouveler son bassin de clientèle en séduisant les générations montantes. Caroline Putnocki ne manque donc pas une occasion de rappeler que, en dépit du passé chargé d'histoire qui lui a valu son formidable patrimoine architectural et artistique, le pays reste toujours à l'avant-garde et à l'affût de la nouveauté. Nicolas Barret renchérit en soulignant «la cohabitation harmonieuse du patrimoine et de l'histoire, d'une part, avec un dynamisme et une créativité effervescente, d'autre part». «L'exemple parfait en est le Marais, qui est un des plus vieux quartiers de Paris et un des plus branchés, indique-t-il. Il ne se passe pas de semaine sans que ne s'y ouvre une boutique de jeune designer ou une galerie d'art contemporain.»

Parmi les nouveautés et les expositions marquantes de cette année, on signalera l'inauguration du Centre Pompidou de Metz, celle de la Cité de la mode qui, selon Nicolas Barret, sera «un geste architectural fort sur les bords de la Seine», une exposition Chopin (dont on célèbre le bicentenaire de naissance) à la Cité de la musique (jusqu'au 6 juin), une exposition Edvard Munch à la Pinacothèque (jusqu'au 18 juillet), une grande exposition Mondrian au Centre Pompidou en septembre, et, l'automne prochain, une exposition Monet au Grand Palais.

Et puisqu'il était question de tendances, on ne peut manquer de signaler la «bistronomie», terme forgé en amalgamant les mots «bistro» et «gastronomie». Elle consiste à fréquenter des restaurants ouverts par des chefs étoilés qui proposent une cuisine créative à des prix raisonnables. Des noms? Ze Kitchen Galerie, Le Comptoir, Chez l'Ami Jean, Le Pré Verre... Tous sur la rive gauche de Paris!