«C'est à la fois beau et difficile à faire, et cela fait du bien quand c'est terminé.» Joseph Haas et sa femme Suzanne viennent de parcourir 230 km à pied en 10 jours. Partis de Porto, ils ont crapahuté sur le chemin portugais qui les a menés à Saint-Jacques-de-Compostelle. Devant le bureau d'accueil des pèlerins, ce couple autrichien exhibe fièrement le certificat qui atteste, en latin, qu'ils ont fait l'une des routes de Compostelle. Leur motivation n'était pourtant aucunement spirituelle.

Au centre-ville de Saint-Jacques-de-Compostelle, on croise beaucoup de ces pèlerins des temps modernes, sac sur le dos ou vélo à la main. Aujourd'hui, les pèlerins ont bien changé. Ils sont plus nombreux à venir ici par intérêt touristique ou défi sportif que par conviction religieuse.

 

Pourquoi Compostelle?

Le XXe siècle a marqué un regain d'intérêt pour la capitale de la communauté autonome de la Galice. Cela grâce à l'enseignement universitaire, à l'Union européenne et à... Jean-Paul II.

Saint-Jacques-de-Compostelle naît avec la découverte du tombeau de l'apôtre Jacques. Parce qu'un évêque a certifié, en 814, que c'était ici qu'il fallait situer le sépulcre de saint Jacques le Majeur, les pèlerins ont commencé à affluer. Avec eux, un itinéraire a pris forme, appelé chemin de Saint-Jacques. Le Chemin français, la route la plus populaire, a ensuite été et est toujours la principale voie de diffusion culturelle. Au XVIe siècle, le pèlerinage a connu une certaine désaffection à la suite de la Réforme protestante. Et son importance a diminué peu à peu au cours des siècles suivants.

Jeune et religieuse

Quand on arrive à Saint-Jacques-de-Compostelle, on est aspiré par le flot de touristes qui se dirigent vers l'impressionnante place d'O Obradoiro. La cathédrale de styles baroque et roman domine les lieux. Comme tous les visiteurs, on descend dans sa crypte pour voir le coffre argenté dans lequel se trouvent les reliques de saint Jacques. Du haut de sa verticalité, la cathédrale chapeaute les trois autres édifices de la place qui représentent différents pouvoirs: la demeure de San Xerome, siège du rectorat de l'université, la demeure de Raxoi, siège du gouvernement galicien et de l'hôtel de ville, et l'hôtel des rois catholiques, ancien hospice royal transformé en hôtel de luxe.

Adossée à la cathédrale, la place d'A Quintana n'a pas la même splendeur que la place d'O Obradoiro, mais elle a beaucoup plus de charme. En se baladant, on ne compte plus le nombre de couvents, églises, hospices, chapelles ou encore demeures seigneuriales concentrés dans cette partie de la ville. En son sein, une coquille Saint-Jacques ou une flèche jaune sur un mur, symboles de la route de Compostelle, nous ramènent irrémédiablement dans... le droit chemin.

Comme dans tout le reste de la vieille ville, il faut arpenter places et petites rues pour apprécier Compostelle à sa juste valeur et se rendre compte que sous ses airs de capitale religieuse, elle dissimule une vie nocturne trépidante, un certain dynamisme dans tous les secteurs d'activités et une jeunesse drainée par son université séculaire.

PONTEVEDRA

Galice : chemin portugais


À une soixantaine de kilomètres au sud de Saint-Jacques-de-Compostelle, Pontevedra, principale ville sur le chemin portugais, séduit par ses vieux quartiers, le charme de ses monuments et l'harmonie de son architecture. Elle témoigne de l'omniprésence de la religion dans la société galicienne. De la basilique Santa María A Maior aux ruines gothiques du monastère Santo Domingo, en passant par la place de Ferrería, elle ravira les visiteurs d'un jour. Les pèlerins ou randonneurs attentifs remarqueront sur les murs et sur le sol de certaines rues la présence de flèches jaunes indiquant la direction de Compostelle. Il ne faut pas manquer non plus de faire un détour par le musée de Pontevedra, qui abrite une grande variété de collections.

LUGO

Galice : chemin primitif


Fondée par les Romains au Ier siècle avant notre ère, Lugo est sur le «chemin primitif», la route qu'empruntaient les pèlerins au IXe siècle. Elle se caractérise par les 2 km de remparts et les 82 tours qui ceinturent la vieille ville. Ils sont sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en raison de leur rôle «social». Accessibles gratuitement en tout temps, les remparts sont un lieu de promenade et d'activités physiques. Quand les Montréalais courent sur le mont Royal, les sportifs de Lugo vont jogger sur les remparts... Amateurs d'histoire, sachez que l'enceinte date du IIIe siècle et qu'elle a conservé la quasi-totalité de ses murs d'origine. Et ceux qui ont la foi, sachez que la cathédrale Sainte-Marie est accessible à la prière 24 heures sur 24.

LUARCA

Asturies : chemin du Nord


Luarca est une étape obligatoire pour tout pèlerin qui emprunte le chemin du Nord. Petite ville côtière des Asturies, elle a la particularité de posséder l'un des cimetières les plus connus d'Espagne. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, beaucoup d'Asturiens sont allés en Amérique latine pour faire fortune. «Los Indios», comme on les appelait, sont revenus au pays pour y passer leurs vieux jours et y être inhumés. Et c'est à Luarca que l'on retrouve le plus grand nombre de tombes et de caveaux de ces familles. Aussi étonnant que cela puisse paraître, un arrêt à Luarca s'impose. Surplombant la ville, son cimetière offre une vue magnifique sur la baie. Les caveaux et les tombes surprennent par leur grandeur, leur blancheur et leur beauté.

OVIEDO

Asturies : chemin du Nord et chemin primitif


Capitale de la principauté des Asturies, Oviedo est non seulement une ville-étape sur le chemin du Nord, mais elle est aussi la ville de départ du chemin primitif qui a été inauguré par le roi asturien Alphonse II, au IXe siècle. Centre administratif et commercial, Oviedo se distingue par son architecture issue de l'art préroman asturien, par ses nombreux palais et par les 170 sculptures qui embellissent ses rues. Le visiteur a tout le loisir d'en profiter dans cette ville réputée être la plus pédestre du pays. On conseille aux amateurs d'art préroman de grimper sur la colline Naranco pour apprécier les églises San Miguel de Lillo et Santa Maria del Naranco.

LLANES

Asturies : chemin du Nord


Après avoir traversé la Cantabrie, Llanes est l'une des premières villes des Asturies sur le chemin du Nord où les pèlerins passaient et passent encore. Situé au pied du massif de Los Picos de Europa, Llanes est le trait d'union entre la mer et la montagne. Petite ville médiévale portuaire, elle a l'inconvénient d'être envahie par les touristes en été. Chose d'autant plus surprenante qu'en se baladant, sa réputation nous a semblé surfaite. Son image contemporaine repose sur La Moria, quartier chargé d'histoires de pêcheurs et d'envahisseurs, entre autres.

COMILLAS

Cantabrie : chemin du Nord


Comillas est la ville d'un seul homme: le marquis Antonio López. Après avoir fait fortune dans le transport transatlantique, Monsieur a fait construire dans sa ville natale sa résidence secondaire, l'imposant palais de Sobrellano, accompagné d'une église. Il a doté les jésuites d'une université pontificale et d'un séminaire qui, sur une colline, dominent ce petit port de Cantabrie. Mort en 1883, il n'a jamais vu de son vivant l'ensemble de son oeuvre architecturale. Deuxième destination touristique de la région, Comillas est dorénavant le siège du Centre international d'enseignement de l'espagnol. Ah oui! Gaudi a aussi laissé son empreinte dans cette ville située sur la route de Compostelle. À vous de trouver!

SANTILLANA DEL MAR

Cantabrie : chemin du Nord


À un jour de marche de Santander, Santillana del Mar est aujourd'hui une ville touristique par excellence. Au Moyen Âge, les pèlerins s'y arrêtaient en raison de la présence des reliques de sainte Juliana. Sa Collégiale du XIIe siècle est toujours prisée de ceux-ci, mais aussi des nombreux touristes qui arpentent surtout la Calle del Río. Ses rues pavées et ses grandes demeures familiales témoignent d'un riche passé. Santillana del Mar est populaire et cela se comprend. La présence de la grotte d'Altamira, à deux kilomètres de là, contribue à son pouvoir d'attraction.

SANTANDER

Cantabrie : chemin du Nord


Jusqu'à la fin du XIe siècle, les pèlerins débarquaient dans le port de Santander pour ensuite emprunter le chemin du Nord, le long de la côte. Ils évitaient ainsi les Arabes présents dans presque toute la péninsule ibérique. Depuis, la capitale de la Cantabrie est nettement moins fréquentée par les pèlerins. Mais pas par les touristes ni les surfeurs. Le front de mer est ce qui fait le charme de cette ville. La baie de Santander est, dit-on, l'une des 20 plus belles du monde. On veut bien le croire. Elle est à la hauteur de sa réputation. On a eu un petit faible pour la péninsule de la Magdalena. Et on a apprécié la vue du phare du Cabo Mayor. Décoiffant.

BILBAO

Pays basque : chemin du Nord


Le tracé du chemin du Nord nous amène dans le vieux Bilbao. Officiellement fondé en l'an 1300, cet ancien port du royaume de Castille ne comptait que trois rues à l'origine! Une balade du côté de la cathédrale gothique de Santiago permet de constater que le coeur de Bilbao bat encore dans ses vieux quartiers. De par sa géographie, le Pays basque a été longtemps coupé du monde. Au point où ce sont les pèlerins qui y ont introduit le christianisme aussi tard qu'au Moyen Âge! Ancienne ville métallurgique sur le déclin, Bilbao est devenu un dynamique centre commercial et industriel où la culture est un des moteurs de l'économie. Un crochet par le musée Guggenheim est obligatoire.

SAN SEBASTIÁN

Pays basque : chemin du Nord


Au XIe siècle, l'hospice de San Sebastián accueillait les pèlerins en grand nombre. L'édifice n'existe plus aujourd'hui, et le chemin du Nord a perdu de sa popularité au profit du chemin français. En 1813, les Anglais et les Portugais ont incendié la ville pour en chasser les armées de Napoléon. Les quartiers à l'embouchure de la rivière Urumea, la «parte vieja», le «Centro», la baie de La Concha et la plage de Zurriola sont les principaux lieux où il faut flâner. On ne séjourne pas à San Sebastián sans avoir apprécié les pintxos (Prononcez «pinchos»). «Ir de pintxos», aller de bar en bar pour déguster de petites tapas, est une coutume qui s'est transformée en une marque de commerce gastronomique de la ville et de tout le Pays basque. Manger debout n'a jamais été si plaisant.

________________________________________________________________________________

Les frais de ce voyage ont été payés par le Bureau du tourisme d'Espagne. Transport assuré par Air France.