Longtemps champions des voyages à l'étranger, les Allemands passent de plus en plus leurs vacances en Allemagne, un pays qui attire aussi toujours plus de touristes du monde entier, grâce à Berlin notamment.

«Nous observons ce phénomène depuis plusieurs années. Il a commencé avec la Coupe du Monde 2006 en Allemagne», indique Herbert Lechner, de l'institut allemand d'études de marché Gesellschaft für Konsumforschung (GfK).

«Cet événement crucial a fait apparaître l'Allemagne sous un jour totalement différent», estime le secrétaire général de l'organisation mondiale du tourisme (OMT), Taleb Rifai.

Sous un soleil le plus souvent radieux, les matchs joués dans douze villes différentes ont contribué à faire découvrir un pays passionné de football, arrivé troisième de la compétition, et qui, pour la première fois depuis la chute du IIIe Reich, se montrait désinhibé quant à sa fierté patriotique et agitait son drapeau naturellement comme toutes les autres nations.

En 2013, la barrière des 70 millions de nuitées de visiteurs étrangers a été franchie pour la première fois en Allemagne (à 71,6 millions, soit une hausse de 4% par rapport à 2012), selon l'Office fédéral des statistiques.

Pays de foires et salons internationaux, comme celle de l'industrie à Hanovre (nord) au printemps, ou du livre à Francfort (centre) à l'automne, l'Allemagne accueillait depuis des décennies un nombre conséquent d'hommes d'affaires, venus du monde entier. Mais désormais, les étrangers y passent aussi leurs vacances.

Pour 2014, l'Office national allemand du tourisme (ONAT) table sur une progression de 1 à 3% du nombre de nuitées. Et «en 2020, nous considérons le chiffre de 80 millions de nuitées comme tout à fait réaliste», avance Petra Hedorfer, présidente du Comité directeur de l'ONAT.

«L'Allemagne va attirer de plus en plus de vacanciers. Il y a des fondements solides», pronostique également M. Rifai.

En 2012, elle occupait le 7e rang des pays les plus visités dans le monde, loin cependant derrière la France, les USA, la Chine, l'Espagne et l'Italie, d'après les statistiques de l'OMT.

Véritable aimant à touristes, Berlin est devenu grâce à ses prix modiques un lieu prisé des jeunes fêtards. C'est aussi la capitale la plus marquée par les soubresauts de l'histoire européenne du 20e siècle: montée et chute du nazisme puis partition de l'Europe durant la Guerre froide.

L'an passé, elle a inscrit un nouveau record de visiteurs: 11,3 millions, une hausse de 4,4% par rapport à 2012, selon l'office statistique régional. L'hébergement a grimpé de 8,2% à 27 millions de nuitées, là aussi un record.

Près de 40% des touristes qui ont visité Berlin venaient de l'étranger, Polonais (+19%), Russes (+14%) et Britanniques (+11%) affichant les plus fortes progressions. Ces derniers étaient aussi les plus nombreux en valeur absolue (450.600).

Quant au vacancier allemand, même s'il continue de fréquenter les plages ensoleillées de Majorque, il apprécie de plus en plus son pays.

Selon une étude de la GFK, près d'un séjour sur deux des Allemands (à partir d'une nuitée) a eu lieu en Allemagne en 2013.

«Cela s'explique par des éléments conjoncturels, comme les troubles en Égypte, en Tunisie, qui ont dissuadé certains vacanciers, mais aussi par des éléments structurels: la population vieillit et rechigne à partir loin, préférant par exemple les cures à la découverte du monde», estime M. Lechner.

L'Office allemand des statistiques chiffre à environ 339 millions le nombre de nuitées passées par les Allemands dans les 35 000 hôtels et plus de 20 000 autres lieux d'hébergements --pensions ou campings-- du pays.

Outre les villes allemandes visitées pour leur patrimoine culturel, les stations balnéaires de la Mer du Nord et de la Baltique, ou les Alpes bavaroises comptent parmi les destinations préférées.

En 2013, les vacanciers allemands ont aussi dépensé 5% de plus qu'en 2012, selon la GfK, qui attribue cela au faible taux de chômage dans le pays, les consommateurs ne craignant pas pour leur emploi.