Les images d'Andy Warhol ont tellement été commercialisées et multipliées qu'elles nous sont devenues familières, presque communes. Cela n'a pas empêché le très sérieux Metropolitan Museum of Art de New York d'ouvrir ses portes à cet artiste emblématique du mouvement pop art, mort en 1987 à l'âge de 58 ans.

Jusqu'à la fin décembre, à quelques mètres des Caravage et des momies égyptiennes exposés au Met, on peut donc admirer la célèbre conserve de soupe Campbell, le portrait de Marilyn Monroe et celui d'Elizabeth Taylor, des oeuvres d'Andy Warhol intimement liées à notre époque et surtout, à notre société de consommation.

Quelle a été la véritable influence de Warhol? C'est ce que cette exposition tente de nous montrer en nous présentant 45 oeuvres de l'artiste qu'on juxtapose à une centaine d'oeuvres réalisées par 60 artistes, contemporains ou plus jeunes, qui ont été inspirés par son travail. De Jeff Koons à Cindy Sherman, en passant par Nan Goldin, Robert Mapplethorpe et Matthew Barney, Warhol en a inspiré plusieurs. L'exposition présente aussi une oeuvre de son ami Jean-Michel Basquiat, que certains ont qualifié de Warhol noir.

Artiste visionnaire, exposition sans direction

Artiste multidisciplinaire, Andy Warhol semblait frappé par des moments de fulgurance et ses observations, hyper lucides, sont autant de déclarations-chocs qui ont marqué une époque: c'est lui qui a dit, en 1968: «Tout le monde aura un jour droit à ses 15 minutes de gloire.» Visionnaire, il aimait répéter que l'Amérique était une société de consommation bien plus que de réflexion.

S'il vivait encore aujourd'hui, il serait sans aucun doute l'ami de Karl Lagerfeld, de Lady Gaga et de Zombie Boy. Et peut-être l'effigie d'une grande maison de mode. Mais qu'aurait-il à dire à propos de Twitter, Facebook et de la popularité des réseaux sociaux? Que penserait-il de la téléréalité, lui qui s'amusait à réaliser des films interminables dans lesquels il ne se passait rien?

C'est peut-être la plus grande lacune de cette exposition: les deux conservateurs n'ont pas réussi à donner un sens à l'oeuvre de Warhol, à la situer en 2012. Même les liens avec les artistes exposés aux côtés de Warhol ne sont pas toujours évidents, comme si on n'avait pas attaché tous les fils. Ou comme si on avait refusé d'encadrer l'exposition, de lui donner une direction, ce qui est pourtant la tâche du curateur. L'exposition vaut surtout la peine d'être vue pour la quantité d'oeuvres exposées, mais si vous vous attendez à une thèse nouvelle et fascinante sur la pertinence d'Andy Warhol en ce début du XXIe siècle, vous risquez d'être déçu.

Regarding Warhol: Sixty Artists, Fifty Years, jusqu'au 31 décembre 2012 au Metropolitan Museum of Art, metmuseum.org